« J’ai toujours eu la conviction que tels sont les chefs d’un état, tel est l’état lui-même. Or quelques-uns, qui dans Athènes sont à la tête des affaires, se disent forcés par la pauvreté du peuple à se conduire injustement, tout en prétendant connaître aussi bien que les autres hommes les lois de l’équité. Je me suis proposé d’examiner par quels moyens les citoyens pourraient subsister des ressources qu’offre leur propre pays, persuadé que, si ce projet réussissait, on mettrait un terme à la pauvreté et aux soupçons des Grecs[1]. » Ce conseil de la sagesse antique n’a rien perdu de son à-propos. Développer les élémens de prospérité que possède le pays, le faire subsister de ses propres ressources, afin d’arracher les Grecs à leur pauvreté et à leurs soupçons, c’est-à-dire à leurs discordes civiles, tel est le problème que Xénophon soumettait aux réflexions de ses contemporains, et de la solution duquel dépendent une fois encore, et plus que jamais, les destinées de la Grèce. Aussi, tandis que la grande idée réclamait l’affranchissement de la race grecque par les armes, un système plus sage s’efforçait-il d’assigner à la nation sa véritable tâche en la pressant de se régénérer par un travail pacifique et civilisateur, de se relever de son abaissement et
- ↑ Xénophon, Des Revenus, chap, 1er.