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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 57.djvu/866

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ce moment même, au milieu de la crise que subit le pays, des tendances plus pratiques, des aspirations et des préoccupations plus sérieuses se manifestent ouvertement. Ce fait mérite d’être signalé ; il se révèle par les nombreux projets industriels, financiers, agricoles, qui, mis en avant depuis quelques années et poursuivis avec persévérance et sans bruit derrière les agitations de la foule, à travers les épisodes anarchiques de la dernière révolution, apparaissent enfin au grand jour et sont à la veille de s’exécuter[1].

Parmi ces projets, deux surtout, — l’un concernant le dessèchement du lac Copaïs, l’autre la construction d’un chemin de fer du golfe de Vonitza à celui de Volo, avec embranchement sur la Livadie, la Béotie et l’Attique, — sont l’objet de négociations actives : ils serviront de base à cette étude et nous fourniront l’occasion de passer en revue les élémens de prospérité, les richesses naturelles, les ressources de tout genre que possède la Grèce, et qui offrent aux promoteurs de ces entreprises de légitimes garanties de succès. Ces travaux, appelés à renouveler et à régénérer le pays, rencontreront-ils la faveur qu’ils méritent auprès des populations ignorantes et demi-barbares qui occupent l’intérieur du royaume ? Nous ne voulons pas en douter. Si ces populations incultes, il est vrai, mais pleines d’intelligence et d’imagination, se montrent en effet rebelles à un labeur lent, obscur, de longue haleine, elles se laisseront au contraire aisément séduire par le spectacle inattendu de l’industrie moderne appliquant ses puissans moyens à une transformation de leur territoire.


I

La Livadie, portion septentrionale de l’ancienne Béotie, était, au dire de Strabon, appelée à commander un jour au reste de l’Hellade à cause de la fertilité de ses montagnes et de ses vallées ainsi que de sa situation géographique, qui la met en communication directe d’un côté avec le Levant par le canal de Négrepont, de l’autre avec l’Occident par le golfe de Corinthe. C’est encore une des provinces du royaume hellénique où se rencontrent les germes de la plus grande richesse, et c’est là certainement que la grande

  1. Mentionnons en passant l’établissement d’une société de crédit foncier qui, récemment fondée à Athènes sous le nom de Kτηματιχή τράπεζα, prêtera un utile concours aux entreprises dont nous voulons parler. Nous lui souhaitons un succès égal à celui dont jouit la Banque nationale, ’Eθνιχή τράπεζα, qui fonctionne depuis bon nombre d’années sur le modèle de la Banque de France, et qui, par l’habileté exceptionnelle de son directeur, M. Stavros, par la solidité de ses opérations, qu’attestent les dividendes de 14 à 15 pour 100 régulièrement distribués chaque année a ses actionnaires, enfin par les incontestables services qu’elle rend chaque jour au pays, mérite de figurer au premier rang des institutions financières de ce genre.