C’est au mois d’août que nous avons traversé la plaine du Copaïs. A ce moment de l’été, les eaux étant en partie retirées, une végétation active revêt le marécage d’une parure trompeuse. Après avoir passé la nuit à Mavromati, charmant village situé sur une colline au pied de laquelle nous avions salué la veille, en venant de Thèbes, les ruines de l’antique Thespies, nous descendîmes vers la plaine par un sentier étroit, rapide, serpentant sous un berceau d’arbustes, plein de charme pour le touriste, mais fort redouté des agriculteurs de la Livadie, qui, pour transporter leurs produits à Athènes et au Pirée, n’ont eu pendant longtemps d’autre voie de communication que cette échelle scabreuse, à moins de s’embarquer à Chalcis en se résignant à un long détour et à une navigation souvent dangereuse sur les côtes de la Béotie et de l’Attique. Tout récemment, une grande route entre Athènes et Chalcis vient de s’achever, elle est parcourue régulièrement par des leophores[1], sortes de diligences qui rendront à cette partie de la Grèce d’inappréciables services.
Considéré du haut des montagnes qui l’encadrent, le marais du Copaïs, couvert pendant la belle saison d’une épaisse couche de verdure, offre l’aspect de la plus luxuriante prairie et réjouit le regard, abusé par la distance sur la nature de cette végétation. Çà et là, au fond d’une anse, derrière une masse touffue, de larges flaques d’eau reflètent le vif azur du ciel, miroitent au soleil, et animent le paysage, que limitent majestueusement au nord les pics sévères du Parnasse, et à l’est les hautes cimes accidentées de l’Eubée bleuissant à l’horizon. Une fois dans la plaine, on reconnaît bientôt le marécage sous une forêt de joncs, de roseaux, de larges fleurs aquatiques aux couleurs éclatantes, aux émanations malsaines, avec ses eaux fangeuses et la fièvre qui décime les populations riveraines.
Le Copaïs se divise en trois zones bien distinctes. La première se compose du marais proprement dit, toujours imbibé d’eau, inabordable, nourrissant des anguilles très renommées dans tout le Levant, occupant une surface de 15,000 hectares environ. La seconde, de près de 9,000 hectares, se divise elle-même en deux parties,
- ↑ Αεωφορεϊον.