l’une dont les cultivateurs s’emparent avec le plus grand profit lorsqu’une sécheresse exceptionnelle permet aux eaux de se retirer plus tôt que de coutume, l’autre qui reste toujours tellement humide et tellement couverte de plantes marécageuses, qu’elle se refuse à toute espèce de culture. Lorsque les chaleurs de l’été ont pénétré sous cette végétation exubérante et échauffé le sol, les pasteurs mettent le feu aux roseaux, et leurs troupeaux viennent brouter avidement la jeune pousse, qui reparaît aussitôt après la combustion. La troisième zone enfin comprend les terres cultivées ; elle est de beaucoup la plus étroite, car elle ne compte guère que 5 ou 6,000 hectares et une population de 3,500 âmes, qui, loin d’augmenter t se maintient à peine à ce chiffre à cause des ravages que la fièvre exerce sur elle. L’état possède plus de la moitié de cette zone et la totalité des deux autres ; il tire de ce domaine un revenu qui ne dépasse pas 70 ou 75,000 drachmes[1].
Trois rivières principales, le Mélas, l’Hercyne, le Céphise, versent leurs eaux dans le bassin du Copaïs. Le Mélas ou Mavropotamos (fleuve noir) prend sa source à 2,000 mètres au nord du lac, et doit son nom à la couleur sombre de ses eaux profondes et vaseuses. Il se jette, aux environs de Topolias, dans le Copaïs, où il trouve une pente à peine sensible, et où il se fraie difficilement un chemin à travers la masse de roseaux et de plantes qui encombrent son cours et le forcent à tracer de nombreuses sinuosités. Le Céphise descend des hauteurs lointaines de la Dryopie, et sur un parcours de 25 kilomètres environ il recueille le produit de nombreux affluens, torrens et rivières. Il se jette dans le Copaïs à une petite distance au-dessous du Mélas, au fond de la petite baie de Skripou, dénomination barbare qui a remplacé le nom célèbre d’Orchomène. L’Hercyne enfin, qui a son embouchure à l’extrémité nord-ouest du lac, sort des hauts rochers de Livadie. Cette rivière est formée par deux sources fameuses dans l’antiquité sous le nom de Léthé et de Mnémosyne, situées à côté de l’antre non moins fameux de Trophonius, qu’on voit encore, et où résidait un redoutable oracle. On ne s’adressait pas impunément à ce dieu : ceux qui l’avaient consulté, après avoir subi d’effrayantes épreuves, sortaient de l’antre, suivant le témoignage de l’historien Pausanias, l’esprit si profondément troublé qu’ils étaient pour le reste de leurs jours condamnés à une invincible tristesse ou à de folles terreurs. La ville de Livadie, que l’Hercyne baigne de son onde limpide et glaciale, est l’une des plus pittoresques et des plus gracieusement situées de la Grèce, Séparée de la plaine marécageuse par une ligne de rochers peu élevés, elle s’étale en amphithéâtre sur un versant rapide et offre
- ↑ La drachme, όραΧμή, équivaut à 90 centimes.