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berg la défendirent néanmoins sérieusement, très sérieusement même et à outrance, — au point que lord Russell dut proposer la conférence (23 février) sans parler des « bases. » Vaine fut la protestation du Danemark, qui se doutait bien du sort que lui préparait une pareille prétention ; vainement aussi le ministre britannique revint-il sur ses pas et parla-t-il derechef des « engagemens de 1852 : » il en parla « au moins comme d’un point de départ » dans une note identique à Vienne et à Berlin du 17 mars. Ce fut de nouveau le tour des puissances allemandes de protester. Pendant un long mois, et alors que le sang coulait dans le Jutland et devant Düppel, le principal secrétaire d’état épuisait toutes les combinaisons que présentaient ces trois mots de conférence, armistice et « bases ; » il demanda le 23 février une conférence sans armistice, puis le 11 mars une conférence avec armistice, ensuite le 17 mars une conférence avec bases, et il finit par se contenter, le 21 mars, d’une conférence sans armistice et sans bases, devant se réunir « dans la simple intention de trouver les moyens de restaurer au nord de l’Europe les bénédictions (blessings) de la paix ! » C’est le 12 avril, et à Londres, que le chef du foreign office donnait aux puissances rendez-vous pour cette espèce de meeting diplomatique sans point fixe, sans programme tracé, — cours libre de droit des gens expérimental. Admonesté, pressé et acculé comme à l’ordinaire par son « meilleur ami, » le Danemark dut céder cette fois comme toujours. La France, qui depuis la mission militaire de M. de Manteuffel se rapprochait quelque peu de l’Angleterre, « n’eut pas d’objections, » tout en pensant « que le plus naturel eût été de prendre pour base le vœu des populations. » La Russie trouva naturellement bon tout ce qui agréait à la Prusse et à l’Autriche. La Suède fit comme tout le monde. Quant à la confédération germanique, que lord Russell n’avait eu garde d’oublier, elle fut longue à se décider, et le cabinet de Saint-James se vit même forcé, par suite de ce retard, de renvoyer la réunion jusqu’au 20 avril. C’est que la confédération voulait d’abord bien s’assurer que l’Autriche et la Prusse n’accepteraient rien de ce qui pourrait léser a le droit et l’honneur allemands ; » c’est qu’elle aurait même voulu décider la « question de succession » avant tout arrangement avec l’Europe ! On dut cependant renoncer à cette dernière pensée. D’ailleurs, et depuis le coup