Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 59.djvu/1040

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 octobre 1865.

La saison politique va commencer partout, et cependant on ne démêle point encore le tour que pourront prendre prochainement les événemens et les préoccupations publiques. Voilà par exemple l’empereur revenu à Paris. M. de Bismark a pu le voir encore à Biarritz. La conjonction du chef de l’état et du ministre prussien a plus donné à réfléchir à nos astrologues politiques, il faut bien le reconnaître, que les visites des têtes couronnées de la péninsule ibérique, comme on dit en langage noble. Le suprême pilote et l’homme d’état qui tient aujourd’hui, en Europe les outres d’Éole se sont rencontrés : il est naturel de se demander vers quelle corne de l’étoile des vents la barque va être gouvernée ; mais poser la question est tout ce qui nous est permis ; les moyens d’y répondre nous font défaut, et nous sommes obligés de rester tous là, le nez en l’air, plantés en badauds comme des points d’interrogation.

Les alertes, les furets, ceux qui ont l’ouïe assez fine pour entendre pousser l’herbe, prétendent qu’ils démêlent, à travers les légers bruissemens qui accompagnent le retour à la vie officielle, l’intention où l’on serait de nous chercher de l’occupation intellectuelle au dehors pour nous distraire des petites agitations intérieures. Il ne s’agit, remarquez-le, que d’occupation intellectuelle et d’amusement d’esprit. On conviendra en effet qu’il faudrait des événemens doués d’une rare puissance de nécessité pour décider à l’action une politique qui n’a pu être dégourdie ni par la longue tractation des affaires de Pologne, ni par l’aventure des duchés de l’Elbe, ni par la piquante conclusion des récentes affaires d’Allemagne. Au fait, les agitations intérieures sont maussades et ne donnent lieu entre le gouvernement et l’opinion libérale qu’à un échange d’agaçantes taquineries. Ce pays commence à comprendre sur bien des points l’utilité pratique de l’autonomie municipale. Il aimerait à voir ses maires élus au sein des conseils