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La première est la poule d’essai : c’est une course de 1,500 mètres, qui a lieu en avril, et qui donne le premier classement ; sur trente ou quarante chevaux engagés, il ne s’en présente au poteau que dix ou quinze. Puis vient la poule des produits (1,900 mètres), courue, au commencement de mai, ordinairement par d’autres chevaux ; En troisième lieu arrive le prix du Jockey-Club (2,400 met.), qui est couru à Chantilly à la fin de mai, et qui s’élève à 20,000 fr. sans les entrées[1]. C’est pour les chevaux français l’épreuve décisive, pour laquelle les éleveurs engagent leurs meilleurs coursiers ; mais sur soixante qu’on fait inscrire chaque année, c’est à peine s’il en part vingt. Le classement qui s’opère ainsi tant en France qu’en Angleterre, où la même progression est suivie, est tel que pour la course du prix de Paris (100,000 fr. sans les entrées), qui est la grande poule des éleveurs des deux pays, c’est à peine s’il part quatre ou cinq chevaux sur cent vingt engagés.

La sélection est dès lors à peu près complète, et le sort a désigné ses élus. C’est pour ce motif qu’on ne fait plus courir les uns contre les autres les chevaux de quatre ans et au-dessus, car leur valeur relative serait tellement connue que les courses n’offriraient plus aucun imprévu. Si l’on voit cependant par exception quelques chevaux, comme Monarque, courir jusqu’à l’âge de six ans, c’est qu’on les fait lutter contre ceux de trois ans, et qu’ils sont assez forts pour supporter la surcharge qui doit égaliser les chances. A la rigueur, le but que l’on poursuit, qui est la sélection des meilleurs chevaux, est atteint par quelques courses dont nous venons de parler, et l’on pourrait presque s’en tenir là. Si l’on continue les épreuves, c’est afin d’opérer un classement même entre les chevaux de second et de troisième ordre, et de donner à leurs propriétaires l’occasion de s’indemniser des sacrifices qu’ils ont dû faire pour l’élevage et l’entraînement. On a institué pour cela des prix de différentes classes, de telle façon que le gagnant d’un prix d’une classe supérieure ne puisse plus concourir pour les prix d’une classe inférieure. On a voulu empêcher ainsi que toutes les sommes consacrées à cet objet ne reviennent à celui qui aura eu la bonne fortune de mettre la main sur un cheval exceptionnel.

Il importe aussi de varier les épreuves, afin de constater les qualités particulières de certains chevaux ; Les uns, par exemple, sont d’une extrême vitesse, mais ne peuvent soutenir pendant longtemps une allure aussi rapide ; d’autres au contraire courent moins vite, mais plus longtemps. Comme on ne pourrait les juger, si on

  1. En 1865, ce prix a été gagné par Gontran, au major Fridolin, dont les couleurs, ― casaque blanche, toque bleue, sont devenues très à la mode cette année.