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de la Banque, placé en rentes, sert le crédit public ; il met en dehors de la circulation une somme de rentes considérable ; c’est un service qui a bien son prix, et qui l’a d’autant plus qu’il ne préjudicie à aucun autre intérêt.

Maintenant l’enquête demande « si l’élévation du taux de l’escompte est le seul moyen pour la Banque de maintenir ou de reconstituer son encaisse. » — Je n’en connais pas d’autres. Quand l’encaisse diminue, c’est ou parce que nous avons le change contre nous, que nous ne pouvons payer au dehors avec nos produits, ou parce que l’activité intérieure est telle qu’elle absorbe dans la circulation une quantité de métaux précieux plus grande qu’à l’ordinaire, ou encore parce qu’il y a une panique comme en 1848 et que tous les moyens de crédit sont suspendus ; mais c’est là un cas tout exceptionnel, qui dure peu généralement et qui n’a rien à faire avec les lois économiques. Si l’encaisse diminue parce que nous avons le change contre nous et que nous ne pouvons plus payer au dehors avec nos produits, soit parce que ces produits sont devenus trop chers par le l’enchérissement du capital ou de la main-d’œuvre, soit par toute autre raison, parce que nous avons à répondre à des engagemens pris vis-à-vis d’entreprises ou d’emprunts étrangers, engagemens qui dépassent ce que peut acquitter régulièrement l’échange de nos produits, — dans ce cas, quoi qu’on en dise, il faut absolument empêcher la trop grande sortie du numéraire ; la cherté qu’il acquiert prouve qu’on en a besoin, et on ne l’empêchera qu’en laissant à la cherté son libre cours. Il en est de même, si la diminution du numéraire a lieu pour cause de plus de besoins à l’intérieur, comme ceux qui se produisent, par exemple, lorsque les salaires s’élèvent ou que les denrées agricoles sont plus chères, qu’il y a plus d’argent à répandre dans la campagne. Dans ce cas-là encore, il faut augmenter le stock métallique et en faire venir du dehors. L’argent se gouverne par les mêmes lois que toutes les autres marchandises, il va où on le paie le plus cher. Si dans ces momens la Banque de France n’élevait pas le taux de son escompte, non-seulement elle ne verrait pas le numéraire revenir, mais elle serait bien vite dépouillée de tout ce qui lui en reste. Elle agirait comme un négociant qui offrirait ses marchandises au-dessous du cours ; il serait bien vite obligé de fermer boutique, et il n’aurait rien changé à la situation. Comme il ne faut pas que la Banque de France puisse fermer boutique, autrement dit qu’elle suspende ses opérations, ce qui serait une calamité publique, elle n’a qu’un moyen de conserver ses ressources, c’est de les faire payer assez cher pour en diminuer la demande.

Mais, dira-t-on, si on est obligé d’exporter du numéraire pour