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Le pressoir geint comme une veuve.
Allons, les gars, encore un tour !
Que la terre en fume alentour !
N’ayez pas peur, la vis est neuve.

— Eh ! garçon, dit le pressoir neuf,
Le cuvier est plein comme un œuf,
Et tu presses à pleine échine !
— Bon ! plus j’en presse et plus j’en bois.
— Presse donc à fendre le bois,
Dit la machine.

L’homme qui boit est bien plus beau :
Il a le vin à fleur de peau
Et la face couleur de braise ;
Il ne craint ni soldat ni rien,
C’est comme s’il avait du bien,
Tant il est fier et pâmé d’aise !

— Beau buveur, dit le verre plein,
Te voilà soûl comme un vilain !
— Mon petit, la vie est sévère :
Faut-il pas l’égayer un peu ?
— A tes souhaits, homme de Dieu !
Lui dit le verre.


MORALITE


Or, mes gens, si vous voyez clair,
Dites-moi qui donne sa chair,
Qui donne le sang de ses veines,
Qui l’on tourmente bien des fois,
Qui l’on fait saigner sur le bois,
Tout cela pour calmer nos peines ?

C’est Jésus, le sauveur divin,
Le sang de Jésus, c’est le vin
Qui coule pour le misérable
Et coulera, doux et subtil,
Dans tous les temps. — Ainsi soit-il,
Vin adorable !