Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/853

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les frais de leur culte. Une sorte de concile volontaire, composé de délégués et connu sous le nom de Congregational Union of England and Wales, se réunit deux fois par an pour organiser une action commune, sans toutefois porter atteinte au principe d’initiative locale. Ce frêle lien suffit à entretenir l’unité, et malgré l’état flottant du système aucune fraction importante ne s’est depuis l’origine détachée de l’ensemble.

J’entrai un dimanche soir dans une chapelle qui se trouve à Londres dans Borough-Road : l’intérieur de l’édifice, blanc et nu, était vivement éclairé au gaz ; les bancs s’arrondissaient en amphithéâtre autour d’une chaire dans laquelle monta un ministre en habits de ville, seulement noirs. Après le service, tout le monde se recueillit, et quelques orateurs des deux sexes se levèrent l’un après l’autre, selon qu’ils se sentaient inspirés, pour offrir à Dieu une sorte d’improvisation. La gravité de l’auditoire, ces soliloques à voix haute entrecoupés de silence, l’ardeur exaltée des femmes qui parlaient, leur visage enflammé sous le voile, la lumière qui tombait d’en haut, tout cela, malgré la singularité de la scène, avait un côté solennel et touchant : je me sentais ému. Étrange pays, à la fois positif et mystique, où sous l’épaisse atmosphère des intérêts matériels, et presque en l’absence de tout culte extérieur, on sent passer dans les âmes avec une sorte de frémissement le rayon d’un monde invisible !

Après les indépendans, une des sectes les plus anciennes et les plus nombreuses est celle des baptistes, qui descendent sans doute des anciens anabaptistes. Leur origine remonte en Angleterre à 1608, époque où la première église de ce nom fut établie à Londres. Considérant le baptême comme une simple profession de foi de la part de celui qui le reçoit, ils maintiennent que cette déclaration ne peut être faite par des enfans en bas âge, ne jouissant point encore de l’usage de la raison, ni, à leur place, par des parrains ou marraines n’ayant aucun droit d’engager d’avance la conscience du nouveau-né. Ils n’admettent donc à cette cérémonie que les adultes. Ce n’est pas tout. Le mode selon lequel s’administre le baptême dans les autres églises ne leur paraît nullement en harmonie avec les usages des chrétiens primitifs. Le sens même du mot grec, l’autorité de Tertullien et de Grégoire de Nazianze, la tradition des Vaudois et des Albigeois, — que n’invoquent-ils point en leur faveur ! Selon eux, le signe matériel du baptême consiste non point à verser de l’eau sur la tête, mais à plonger toute la personne dans une sorte de bain : un ministre anglais a jeté sur cette secte un assez grand éclat. Quel est cet édifice à fronton grec et à colonnes corinthiennes qui s’élève dans Kensington-Road ? C’est