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mexicain, celui de Vera-Cruz. Ses comptoirs sont puissans par leurs ramifications dans tout le pays et se relient aux comptoirs d’Europe et d’Amérique. Elle est baignée par les deux principaux fleuves du Mexique, qui, si les travaux publics recevaient une vigoureuse impulsion, deviendraient les deux grandes artères de la navigation. Le Panuco, naturellement navigable à plus de cinquante lieues de son embouchure, traverse, en remontant à sa source, la vallée de Mexico. Le Tamesis, qui, de son côté, offre soixante lieues de parcours facile, s’enfonce à plus de cent lieues dans les terres, suivant la direction de San-Luis. Malheureusement, pour aller de la mer à Tampico, il faut, avant d’entrer en rivière, traverser une barre dangereuse en temps calme, infranchissable quand soufflent les vents du nord. Les terres sont basses, et une ceinture presque continue de bancs où les vagues déferlent avec fureur interdit l’accès de la côte.

Tampico est facile à défendre. Protégé sur le devant par la largeur du Tamesis, sur les derrières par une vaste lagune, à l’extrémité sud par le fort Iturbide, le port domine à son extrémité nord la route qui conduit d’Altamira, la ville la plus voisine, à Ciudad-Vittoria, la capitale du Tamaulipas. Malgré son excellente position, Tampico a été pris et repris dans la guerre de l’indépendance ; en 1829, Santa-Anna y remporta une victoire décisive sur les troupes royales. La population s’élève à dix mille âmes environ, dont la cinquième partie est européenne.

Le chef de la contre-guérilla avait été nommé commandant supérieur du port mexicain et du territoire qui en dépendait. Sa mission était donc militaire et politique. Pour bien faire comprendre l’esprit des populations qui allaient relever de notre autorité, il suffira de retracer les derniers événemens dont Tampico avait été le théâtre pendant dix-huit mois : on remontera jusqu’à l’automne de 1862.

Au mois d’octobre de cette année, on n’avait pu réunir encore en nombre suffisant dans le camp français les chevaux et les mulets nécessaires au succès du siège de Puebla. On jeta les yeux, pour combler le déficit, sur le Tamaulipas et principalement sur le port de Tampico. Le 81e régiment de ligne fut chargé d’y faire une descente. L’opération donna de fort médiocres résultats ; la remonte de la cavalerie du moins ne fut guère facilitée, car les haciendas, gardées par les libéraux, qui tenaient la campagne, reçurent défense d’amener leurs produits chevalins dans la cité occupée par les troupes françaises. Peu de temps après, l’ordre d’évacuer la place fut donné à la colonne expéditionnaire ; sa retraite, accomplie sous le feu de l’ennemi, coûta à notre marine la canonnière la Lance, qui se perdit sur la barre en protégeant l’arrière-garde de notre