tant ce grave incident, en plein 91, quand il faudrait se placer en 90. « Nous ne trouvons, dit-il, absolument rien dans le riche recueil de M. de Bacourt qui réponde à de telles vues exprimées par Mirabeau. Il est vrai qu’il y a précisément vers juin 1791 des mémoires perdus. » Je le crois bien, puisque le chaleureux athlète était mort depuis deux mois. Or, comme le critique vient à l’instant même de citer février 1791, comme il vient de rappeler la fuite de Varennes, qui date aussi de juin 91, le mouvement de la phrase fixe le lecteur dans cette année-là. Pur lapsus, dira-t-on, pure inadvertance ou faute d’impression! A la bonne heure; mais vraie malencontre pour un homme qui se pose en critique si minutieux et si rude envers le prochain touchant les dates.
Au surplus, pour être tardive, la fuite qui échoua à Varennes était loin d’être insensée en elle-même, comme l’avance M. Geffroy. Si Louis XVI n’en eût pas fait avorter la réussite, la face des choses politiques était changée; on n’aurait pas eu ce lamentable retour qui fit évanouir les derniers prestiges de la couronne, et la révolution française ne se fût pas noyée dans le sang. Je ne saisis pas bien ce qu’a voulu dire M. Geffroy par « les fausses couleurs d’une mise en scène dramatique » qu’il reproche à mes lettres de la reine sur Mirabeau. Suivant son appréciation, ces lettres seraient entachées de suspicion, en ce que Marie-Antoinette n’avait dû avoir que des relations fort rares avec son frère Léopold, grand-duc de Toscane, et qui n’était monté sur le trône de l’Allemagne que le 20 février 1790. Raison de plus pour ouvrir promptement avec lui sous forme intime et de famille des rapports politiques, afin de le mettre au courant des affaires et de se le concilier, en même temps qu’elle communiquait avec son alter ego, le comte de Mercy. Léopold lui-même avait voulu se mettre en communication avec elle par l’entremise du comte de Durfort. Les lettres qu’il lui écrit sont longues et appelaient naturellement à l’occasion des réponses développées, ce qui n’empêche pas l’auteur de la critique de ne regarder, par conjecture bien entendu, comme vrais que les petits billets retrouvés par M. d’Arneth.
Avant de terminer, j’aurais désiré de remercier M. Geffroy de m’avoir fait l’honneur de citer quelques-unes de mes lettres, — et celle de la reine à Mercy (7 octobre 1789) sur la manière dont elle a été reçue par le peuple à l’hôtel de ville de Paris après le terrible enlèvement de la veille à Versailles, et celle de Joseph II à Christine (3 novembre 89) sur Marie-Antoinette « encore h. la merci de la plus vile canaille, » et celle de cette princesse (juillet 89), dont il exalte avec tant de raison la fierté et dignité de style, au sujet du prince de Lambesc, et celle qu’il cite comme émanant du