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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 octobre 1866.

Les vacances finissent, et la saison laborieuse de la politique va commencer. On n’attend point de nous que nous attachions une grande importance aux bruits qui avaient devancé le retour de l’empereur à Paris et qui étaient relatifs à des modifications ministérielles. Les conjectures vagues qui ont été mises en l’air à cette occasion ont été promptement dissipées, et n’ont pu fournir un épisode substantiel à notre vie politique. On parlait de projets d’emprunts et d’une impulsion nouvelle à donner aux travaux publics. On appelait cela une diversion. Il faut convenir qu’il y a d’étranges têtes dans notre pays ; nous possédons des Sangrados financiers toujours prêts à conseiller des emprunts d’un milliard comme des saignées bienfaisantes. Ils sont flanqués de curieux hygiénistes qui ont placé la maçonnerie en tête des diversions politiques convenables aux peuples qui ont des vapeurs. L’emprunt et la bâtisse, l’argent à gaspiller et les moellons à remuer, voilà le régime auquel ces hommes d’ordre et d’imagination ne nous trouveraient point indignes d’être soumis à perpétuité. Ils n’ont point été encore capables de découvrir que la première diversion réclamée par la santé de la France est celle qu’on pourrait apporter à l’accroissement continu du grand-livre, aux dépenses irréfléchies et stériles et à la manie du plâtras. Ils ne se doutent point que la grande distraction dont la France a besoin est une distraction morale. Ils en ont été cette fois pour leurs frais d’utopie. Il paraît qu’une centaine de millions pourront être affectés aux travaux publics, dans le prochain budget, sur les ressources régulières, et qu’un emprunt en temps de paix ne nous est pas encore nécessaire.

Il était surtout un ministre dont on regardait la retraite comme possible. Nous voulons parler du ministre de la guerre. On alléguait l’âge du maréchal Randon, qui lui donnait des droits au repos, son philosophique détachement des grandeurs et cette-œuvre de la réorganisation de l’armée