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même même, pour en pénétrer le secret, pour en comprendre le jeu intérieur, il nous faudrait préciser les vitesses aussi bien que les masses moléculaires. Si nous possédions les termes de cette double catégorie, nous verrions disparaître ce que la chimie présente encore de bizarre et de capricieux, nous expliquerions les combinaisons diverses et les propriétés matérielles qui en résultent. Alors serait fondée la mécanique moléculaire, qui comprendrait dans son ensemble non-seulement les phénomènes chimiques, mais tous les phénomènes naturels dont nous avons parlé tour à tour, ceux de la gravité comme ceux de la chaleur, ceux de l’électricité comme ceux de la lumière : une dynamique universelle embrasserait l’astronomie, la physique et la chimie.


XII.

Nous avons à peu près épuisé le programme que nous nous étions tracé d’avance ; nous avons porté successivement notre attention sur les principaux phénomènes qui font l’objet des sciences physiques, nous en avons montré les liens mutuels, indiqué l’unité fondamentale. Nous pourrions borner là notre examen et considérer notre tâche comme achevée ; les résultats auxquels nous sommes parvenus se présentent dès maintenant dans leur généralité. Cependant nous ne nous sommes point occupés des êtres vivans qui font partie eux aussi de l’univers physique. Faut-il les comprendre dans l’unité phénoménale sur laquelle nous avons arrêté nos regards, ou faut-il les en exclure ? Obéissent-ils entièrement aux lois dont nous avons montré la connexité, ou, s’ils en sont affranchis par quelques points, quelles sont leurs immunités ? Le simple énoncé de ces questions rappelle à l’esprit les problèmes immenses qui ont de tout temps troublé l’humanité, — tant de théories sur la nature de la vie, tant d’efforts accumulés autour de la personnalité humaine, tant de discussions sur les principes d’essence supérieure. Qu’on ne s’attende pas à nous voir aborder ces hautes questions. Nous pouvons les réserver tout entières, et nous n’avons pas besoin de nous aventurer sur le terrain des spéculations transcendantes pour montrer comment se vérifie dans les êtres organisés cette grande loi à laquelle nous avons ramené le jeu de la nature.

Il semble, d’après les travaux de la physiologie moderne, qu’il faille chercher dans la cellule le principe de l’activité vitale. Les végétaux comme les animaux sont composés de cellules. Tout végétal est formé d’un assemblage de petites outres ou vésicules qui prennent en se serrant les unes contre les autres la forme polyédrique. Chacune d’elles forme un organe clos qui a sa vie propre et qui est comme la partie intégrante du végétal. Il n’en est pas au-