Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 66.djvu/947

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trement dans les animaux ; mais plus l’organisme général est parfait, plus on trouve de variété dans les cellules. Aux degrés inférieurs de l’échelle animale, parmi les infusoires des dernières espèces, se montrent des créatures de la composition la plus simple qu’il semble possible d’imaginer : des cellules toutes semblables entre elles remplissent une enveloppe garnie de cils vibratiles à l’aide desquels s’agite l’animal. Chez les animaux supérieurs, chez les vertébrés, chez l’homme, il y a de grandes différences entre les cellules qui appartiennent à des tissus, à des organes différens. Un noyau plus ou moins complexe au centre, une fine membrane à la périphérie, entre les deux un liquide simple ou composé, tels sont les principes constitutifs de la cellule, et ils présentent assez d’élémens de variété pour qu’on remarque de profondes dissemblances entre les cellules qui forment les diverses fibres musculaires, les divers filets nerveux, les membranes muqueuses, séreuses, etc. Au milieu de cette diversité, chaque cellule a dans l’être collectif une indépendance relative, une façon d’autonomie ; chaque famille de ces vésicules a son régime propre, sa nourriture, ses poisons, ses maladies. On sait d’ailleurs, depuis les ingénieuses découvertes de Dutrochet, comment se nourrissent ces petites outres entièrement fermées, séparées même les unes des autres par la double cloison qui résulte de leur adossement ; on sait qu’elles arrivent à absorber les liquides extérieurs et à chasser en partie ceux dont elles sont pleines. Ce phénomène d’endo-exosmose suffit avec la capillarité pour rendre compte de l’ascension et de la descente de la sève dans les végétaux. Il montre comment dans les animaux les différentes cellules peuvent renouveler incessamment leur contenu et se procurer par une filtration élective tout ce qui est nécessaire à leur entretien. Non-seulement ces vésicules se nourrissent grâce à ce mécanisme, mais elles arrivent, par une action communiquée de proche en proche, à puiser des liquides dans des canaux qui ne s’ouvrent nulle part et à les déverser dans d’autres canaux également fermés, établissant ainsi à travers la masse des tissus une circulation capillaire dont le principe a longtemps échappé à toutes les recherches.

Ainsi nous trouvons à l’origine de la vie les cellules qui sont comme les premières assises de l’organisation. On peut dire qu’elles constituent dans les deux règnes organiques les individus que l’on peut mettre en regard des atomes du règne minéral, — atome, individu, deux termes empruntés à des langues différentes pour exprimer une même idée ; — mais sait-on comment naissent les cellules, et a-t-on surpris le secret de leur formation ? On a vu dans le germe des végétaux une première cellule se nourrir de l’amidon contenu dans la graine et que la germination convertit en dextrine