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non à créer. Elle nous fournit donc une confirmation nouvelle de la grande loi dont nous cherchons le développement dans l’ensemble de l’univers.

Tel est le point de vue auquel nous serons sans cesse ramenés quand nous considérerons les phénomènes de la vie. La respiration des animaux, la circulation du sang, la nutrition, concourent à une production de chaleur. C’est le fait qui résume toutes ces fonctions. Or l’observation directe a pu le suivre dans ses conditions essentielles et montrer qu’il se produit suivant les données de la thermodynamique.

Voyons d’abord l’état de repos, considérons un homme qui ne développe aucun travail extérieur. La chaleur animale provient des oxydations lentes qui ont lieu dans l’organisme. On peut ajouter qu’elle est due presque entièrement aux combinaisons de l’oxygène avec l’hydrogène et le carbone. Il est donc facile, en comparant les gaz qui entrent dans les poumons et ceux qui en sortent, de calculer le nombre de calories qu’un homme produit dans une heure. On trouve ainsi une moyenne de 120 calories, qui peut varier, suivant les sujets, d’un tiers environ de la valeur totale. Que deviennent les calories ainsi produites ? Il faut que l’homme les perde à mesure qu’il les développe, puisque la température de son corps demeure constante[1]. Il les envoie en effet au dehors sous plusieurs formes, évaporation pulmonaire et cutanée, échauffement de l’air expiré, rayonnement, contact des objets extérieurs. Si l’on mesure directement la chaleur que l’homme émet par ces divers moyens, on la trouve égale à celle qu’il produit, et l’observation confirme ainsi les prévisions de la théorie. Notons que, dans le décompte à établir entre l’homme et le milieu ambiant, nous n’avons pas à faire figurer les travaux qui s’accomplissent dans l’intérieur du corps. Le cœur par exemple fonctionne constamment à la manière d’une pompe aspirante et foulante ; il agit sans cesse avec une force qui peut être évaluée à la soixante-quinzième partie d’un cheval-vapeur, et son action représente ainsi l’effet de neuf calories par heure. Bien d’autres mouvemens intérieurs ont lieu, dont la puissance mécanique pourrait être évaluée de la même façon avec

  1. Cette température est, comme on sait, de 37 degrés environ. Les climats n’exercent à cet égard aucune influence ; entre les habitans des pays les plus chauds et ceux des régions les plus froides, on trouve à peine une différence d’un degré. Le régime alimentaire n’a lui-même aucune action sur la température humaine. Aux Indes, elle est également de 37°, 1 pour les ouvriers indigènes, qui ne mangent que du riz et des poissons, pour les prêtres de Bouddha, qui vivent de végétaux et pour les soldats anglais, nourris surtout de viandes. Une variation de 4 ou 5 degrés dans la température moyenne du corps humain constitue un état pathologique qui amène rapidement la mort.