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plus ou moins d’exactitude ; mais, le cycle de ces phénomènes s’accomplissant tout entier dans le corps, il y a une équivalence intérieure entre les quantités de chaleur et de travail qu’ils représentent, et elles ne figurent point dans l’échange qui a lieu entre l’homme et le milieu ambiant.

Voilà pour l’état de repos. Considérons maintenant l’homme qui fait des mouvemens et qui produit un travail externe. Les belles recherches de M. Hirn ont montré que dans le corps humain la chaleur se transforme en travail et le travail en chaleur, suivant le rapport numérique que nous avons déjà si souvent mis en évidence ; une calorie s’y convertit en 425 kilograramètres et réciproquement. M. Hirn a pris pour objet de ses études le travail qu’un homme produit en élevant son propre corps. Quand nous gravissons une rampe ou que nous la descendons, notre force musculaire et la pesanteur sont mises en antagonisme. Dans la pratique, cet antagonisme est compliqué par des réactions horizontales dues aux frottemens qui déterminent la marche. M. Hirn, par un ingénieux mécanisme, a pu éliminer ces causes de complication, de manière à ne considérer que des forces verticales. Imaginons qu’un homme se meuve sur les échelons d’une roue mobile ; si l’on agit convenablement sur la roue, l’homme, sans avoir à changer réellement de place, réalisera des conditions artificielles de montée, de descente, de marche plane, où des actions verticales seront seules en jeu. C’est dans ces données qu’ont été faits les essais de M. Hirn. Le sujet de ses expériences produisait un travail externe quand il déplaçait le centre de gravité de son corps pour atteindre un échelon supérieur ; s’il descendait au contraire, son poids agissait comme s’il eût reçu du travail externe, et son corps bénéficiait en quelque sorte d’une certaine quantité de force motrice ; s’il marchait sans monter ni descendre, son centre de gravité s’élevait et s’abaissait alternativement de quantités égales, il y avait production et consommation équivalentes de travail externe. La théorie indiquait nettement les effets calorifiques qui devaient se manifester dans ces diverses circonstances, et ils se sont produits de manière à justifier pleinement les inductions de l’expérimentateur. M. Hirn avait d’abord établi par des mesures directes qu’à l’état de repos chaque gramme d’oxygène absorbé dégageait invariablement cinq calories ; observant ensuite l’état de mouvement, il vit que cette proportion variait. Si un homme pesant 75 kilogrammes élevait son poids de 425 mètres, chaque gramme d’oxygène dégageait moins de chaleur, et 75 calories, représentation exacte du travail produit, se trouvaient ainsi dissimulées. Si le même homme descendait de 425 mètres, chaque gramme d’oxygène dégageait plus de 5 calories,