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Dès le lendemain déjà, les spores sont revêtues d’une membrane caractéristique indiquant que la fécondation a eu lieu. Sur cette membrane apparaît bientôt une première cloison qui divise la spore en deux sections contiguës ; enfin une légère protubérance se manifeste sur un point de la circonférence. Le développement de la jeune fucacée marche dès lors avec rapidité. Les cloisons se multiplient, la protubérance augmente et s’allonge en une sorte de radicule transparente. Quelques semaines plus tard, cette radicule s’est divisée en crampons qu’elle attache au premier corps venu, feuille, paille ou bois mort qui flotte. La spore s’est transformée ; toute vie animale a disparu, et nous n’avons plus sous les yeux qu’une plante qui, oubliant son étrange tentative d’émancipation, se met paisiblement à germer.

Il faut se borner à ces quelques exemples, non point que le sujet soit épuisé, car il n’est pas de famille d’algues qui ne se distingue de ses voisines, même les plus immédiates, par des nuances intéressantes ; mais il faut reconnaître aussi qu’une semblable étude de détails n’ajouterait rien de caractéristique à l’histoire des types précédemment énumérés. De cette histoire, qu’il est temps de résumer, il ressort clairement que la fécondation des algues, dont les unes sont unisexuées tandis que les autres sont hermaphrodites, s’effectue au moyen de deux organes distincts, — les spores, appelées aussi zoospores, et les anthérozoïdes[1].

Les zoospores, qui tantôt se distinguent à peine de la matière organique de la plante et tantôt sont isolées et contenues dans des sporanges, se reproduisent souvent par scission ou multiplication de cellules et sans fécondation apparente. Plus grosses que les anthérozoïdes, elles ressemblent souvent à des infusoires et sont constituées par une simple membrane, au travers de laquelle on aperçoit des cellules aqueuses et des granules solides diversement répartis. C’est cette membrane qui, un peu plus dilatée d’un côté, y forme cette partie conique appelée bec ou rostre que surmontent le plus souvent un ou plusieurs cils vibratiles. Comme tous les tissus naissans, les zoospores se trouvent dans un état de mollesse et presque de liquidité visqueuse qui explique les déformations de toute sorte qu’elles subissent impunément, en même temps que la faculté singulière qu’elles ont de se souder parfois les unes aux autres de manière à ne plus former qu’un seul organe.

Les anthérozoïdes, dont la petitesse est extrême, puisqu’ils ne

  1. Les anthérozoïdes, enfermés dans un sachet appelé anthéridie, rappellent par leur faculté fécondatrice le pollen des phanérogames que contiennent les anthères, et les spores, souvent contenues aussi dans une poche membraneuse appelée sporange ou sporidie, ne sont pas sans analogie avec les ovules enfermés dans l’ovaire, et qui, après leur fécondation par le pollen, prennent le nom de graines ou de semences.