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appréciations générales auxquelles nous aurions fort peu de chose à ajouter. Nous voulons seulement parler de deux de ces publications ; ce sont celles qui, dès l’année 1865, nous avaient paru les mieux faites, à des titres divers, pour attirer l’attention des personnes qui s’intéressent au mouvement des sciences.

La première est l’Annuaire scientifique que M. Dehérain publie avec l’aide d’une quinzaine de collaborateurs. Voila un livre qui satisfait pleinement à la condition que nous indiquions tout à l’heure ; les rédacteurs en sont assez nombreux pour que chacun d’eux ne parle que de ce qu’il sait. Comme c’est là une condition essentielle, fondamentale, à laquelle aucune autre ne saurait être comparée, l’Annuaire de M. Dehérain à une supériorité incontestable sur tous les ouvrages analogues. Faut-il le dire pourtant ? mous aimerions à voir le nombre des rédacteurs un peu réduit, de telle sorte qu’il pût s’établir entre eux une entente sur la composition du livre. Les articles qui forment le volume de M. Dehérain sont fort instructifs pour la plupart, mais ils sont simplement juxtaposés et n’offrent point d’intérêt par l’ensemble. Une rédaction réduite à quatre, à cinq personnes pourrait se concerter, combiner ses travaux ; elle donnerait plus facilement à son œuvre ce je ne sais quoi qui constitue la vie. Sans doute ce n’est point chose aisée de rendre vivante une masse inerte de renseignement. Comment grouper les faits sans les fausser ? Comment leur donner un certain relief tout en s’attachant à les énoncer avec une scrupuleuse exactitude ? M. Dehérain a depuis plusieurs années adopté un procédé propre a rendre agréable et facile la lecture de son Annuaire : non-seulement il élague et rejette un grand nombre de faits d’importance secondaire, mais il renonce même à présenter dans chacun de ses volumes tous les problèmes importans que chaque année soulève ; il répartit les sujets principaux entre plusieurs années et concentre sur quelques points l’attention de ses lecteurs. Cette méthode à des avantages certains. Tout en continuant à l’appliquer, M. Dehérain introduirait à notre avis une utile amélioration dans ses prochains Annuaires, s’il adoptait le parti suivant. Nous voudrions qu’il y eût en tête de chaque volume une sorte d’avant-propos ou de discours préliminaire. On y dresserait à grands traits le bilan scientifique de l’année, on indiquerait pourquoi tels sujets sont traités et tels autres ajournés, on marquerait l’importance relative des différens problèmes et la portée des solutions proposées, on éclairerait les relations de plus en plus nombreuses qui s’établissent entre les diverses branches des sciences ; on signalerait au besoin les lacunes à combler et les points où peuvent se porter avec fruit les efforts des travailleurs. C’est à cette œuvre d’ensemble que pourraient utilement concourir les quatre ou cinq personnes à qui nous voulions tout à l’heure confier la rédaction de l’Annuaire scientifique. Il semblerait nécessaire qu’une seule plume fût chargée de ce tableau général ; mais elle s’inspirerait des vues de chacun des collaborateurs, et ne tirerait ses généralisations que