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courans et des contre-courans, l’éloignement ou la proximité des glaces polaires. Ainsi la salinité moyenne de la Baltique, mer peu profonde où viennent affluer tant de rivières, ne s’élève pas tout à fait à 5 millièmes, tandis que la Mer-Rouge, dans laquelle il ne se jette pas un seul cours d’eau permanent et où l’évaporation est très considérable, présente l’énorme salinité de 43 millièmes. Ces différences et la plupart de celles qui ont été observées entre les eaux des divers bassins maritimes sont faciles à expliquer, cependant on ne comprend pas bien pourquoi la Mer du Sud et l’océan des Indes contiennent dans leurs eaux une proportion de matières salines inférieures d’un millième environ à celle de l’Atlantique : celui-ci reçoit en effet une plus grande abondance d’eau douce que tous les autres océans, et l’évaporation n’y est pas aussi active que dans l’immense chaudière de la mer des Indes. C’est peut-être à la l’énorme quantité de glaces charriées par les courans entre l’Afrique et l’Australie qu’il faut attribuer cette anomalie apparente dans la salinité des eaux.

Le sel commun ou chlorure de sodium constitue à lui seul les trois quarts de toutes les matières salines contenues dans la mer. C’est là le sel vraiment caractéristique de l’océan, celui qui a le plus d’importance dans l’histoire de la terre par les immenses assises qu’il à déposées dans les terrains géologiques, par les lagunes et les marais salans qu’il remplit encore de nos jours. Outre le sel commun, plusieurs autres substances, toujours mélangées dans les mêmes proportions relatives, font partie de la composition normale des eaux de mer. Actuellement les divers corps simples que la science a pu reconnaître dans l’océan, soit par l’analyse des sels, soit indirectement par celle des plantes qui tirent toute leur nourriture de l’eau marine, sont au nombre de vingt-huit ; mais il n’est pas douteux que tous les autres corps se trouvent également dans l’eau de mer, et nombre d’entre eux n’échapperont point au regard perçant des chimistes. Après l’oxygène et l’hydrogène, qui constituent la masse liquide elle-même, les principaux élémens contenus dans la mer sont le chlore, l’azote, le carbone, le brome, l’iode, le fluor, le soufre, le phosphore, le silicium, le sodium, le potassium, le bore, l’aluminium, le magnésium, le calcium, le strontium, la baryte. Le fucus ordinaire et les autres varechs renferment la plupart de ces substances ainsi que plusieurs métaux. On a découvert du cuivre, du plomb, du zinc, dans les cendres du fucus vesiculosus, du cobalt, du nickel, du manganèse, dans celles de la zostera marina. Le fer peut être obtenu directement par l’analyse de l’eau de mer ; enfin l’argent se trouve dans un zoophyte, le pocillopora. Forchhammer a retiré d’une branche de ce corail environ un