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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre 1867.

Nous n’aimons point, nous aimons moins que jamais, dans une situation critique, les commérages et les conjectures en matière politique. Rien n’est énervant comme la fièvre des anecdotes et le vagabondage des hypothèses oiseuses dans les temps surtout où une force des choses qui se prononce par des symptômes graves semble s’emparer de la conduite des événemens. Le moment où les esprits ont à se fortifier par une préparation réfléchie aux chances nouvelles d’un avenir prochain n’est point celui où la curiosité doit s’amuser de stériles bavardages. Hâtons-nous donc de nous débarrasser des préoccupations assez enfantines excitées depuis le commencement de ce mois par des mouvemens silencieux qui ont donné lieu à des rumeurs vaines et contradictoires. Les bruits qui ont ému pendant quelques jours le public étaient fondés sur le voyage subit de MM. Rouher et de La Valette à Biarritz. Les diseurs de bonne aventure rêvaient et parlaient de crise ministérielle. On allait jusqu’à nommer d’anciens ministres qui auraient miné la situation des deux membres les plus importans du présent cabinet. On supputait dans quel sens la politique générale pourrait être modifiée par une crise ministérielle. Cette alerte est aujourd’hui terminée. MM. Rouher et de La Valette sont revenus comme ils étaient partis. Au milieu des grosses questions qui éclatent ou vont se développant, leurs conférences avec l’empereur ne manquaient point d’objets naturels. Il est possible qu’en conformité avec les résolutions arrêtées M. de La Valette ne tarde point à prendre le portefeuille des affaires étrangères ; peut-être M. Rouher, tout en demeurant ministre d’état, échangera-t-il le ministère des finances contre le département de l’intérieur. Il a été décidé à Biarritz qu’il n’y aura pas de petite session, que les chambres seront ouvertes le 18 novembre prochain et feront sans interruption le travail législatif de l’année. Il faut donc que la curiosité publique se résigne encore à une at-