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pauvri n’est point capable de se livrer de nouveau aux aventures romanesques et ruineuses de la politique étrangère. On est en présence d’un service de dette publique qui dépasse 300 millions de francs par année, de dépenses militaires qui, si étroitement limitées qu’elles soient, sont supérieures à 200 millions. Le système des impôts tarit la richesse, Le système douanier est bien maladroit et arriéré, puisque dans un pays peuplé et grandement producteur il ne rapporte guère au trésor qu’une quarantaine de millions. Les premiers soins du gouvernement autrichien sont donc dus à ses finances. La gêne et la détresse financières sont la calamité commune de la plupart des gouvernemens actuels de l’Europe. Russie, Autriche, Italie, Espagne, peuvent se donner la main dans cette cour des miracles d’un autre genre où la mendicité des gouvernemens ne laisse aucune trêve au marché des capitaux. Avec des régimes politiques probes et libéraux et une paix forte, claire et placée par la volonté résolue des peuples hors des atteintes des potentats, on finirait par panser ces blessures, et par répandre sur la surface de la grande Europe l’honnête prospérité du travail assuré de sa rémunération légitime et croissante.

Le service de notre département des affaires étrangères vient de faire une perte regrettable par la mort du directeur des consulats, M. Herbet. La mort nous rappelle sans cesse, en faisant ces vides, quelle forte race de fonctionnaires la France possède dans ces grands services, et dont la fidélité et le mérite patriotique ne sont point affectés par la bizarrerie de nos révolutions et de nos gouvernemens de hasard. M. Herbet a été un de ces travailleurs persévérans qui enferment leur honnêteté dans une dignité réservée. M. Herbet avait été un collaborateur dévoué de M. Guizot, et ce glorieux vétéran a dignement récompensé par un témoignage public d’une haute éloquence l’ami modeste sur lequel il s’était souvent appuyé dans sa laborieuse carrière. Dans une administration d’élite comme est celle des affaires extérieures de la France, il faut conserver comme une exhortation au devoir et un modèle le souvenir des hommes qui ont, comme M. Herbet, honoré leurs fonctions par la dignité de leur vie. e. forcade.




AU DIRECTEUR DE LA REVUE DES DEUX MONDES.
Stuttgart, 12 juillet 1867.
Monsieur,

On vient d’appeler mon attention sur une lettre de son altesse impériale le prince Napoléon, en date du 27 juin dernier et insérée dans la livraison du 1er juillet de la Revue des Deux Mondes. Le principal but de cette lettre est d’éclairer l’histoire du mariage conclu dans l’année 1803 en