Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/958

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne durent qu’une année. La non-réélection de délégués qui auraient consenti une quote-part d’impôts trop élevée constitue la véritable sanction du droit qu’a la nation d’intervenir dans le vote des impôts. « Au fond, pour un intérêt aussi sérieux que celui de la défense et. même de l’indépendance du pays, en quoi importe-t-il, continue M. Deák, que la dépense soit votée par la diète tout entière ou seulement par quinze membres qu’elle aura commis à cette tâche, et d’ailleurs la diète elle-même n’a-t-elle pas le dernier mot, puisqu’elle sanctionne la décision de ses délégués et vote l’impôt applicable au paiement de ces dépenses ? » Loin de trouver que le compromis soit un danger pour l’indépendance hongroise, ne faudrait-il pas se demander au contraire si les pouvoirs constitutionnels ne sont point investis là d’une prérogative dangereuse pour l’unité de la monarchie ? Un vote hostile peut arrêter le service de toutes les dépenses contractées pour affaires communes, celui de la dette par exemple. Heureusement la confiance que les Magyars témoignent aux peuples de l’occident de la monarchie est assez entière pour permettre d’adopter ce système. M. Deák n’avait pas à justifier devant ses compatriotes les principes dualistes, car personne en Hongrie ne se préoccupait des inconvéniens qu’ils pourraient avoir dans l’application. Il ne revenait constamment à la charge que pour démontrer la nécessité d’envoyer des délégués à Vienne.


« Aujourd’hui, par le nouveau diplôme royal, dit-il, notre droit devient clair et positif. Nous voterons le contingent militaire, l’emploi du revenu public, le système d’impôts, et la sanction de chacun de nos votes sera dans la responsabilité des ministres qui gouverneront le pays. Quand les délégations se réuniront, nous y serons placés sur le pied de la parité absolue vis-à-vis de l’Autriche. Dès lors, comment dire que nous dépendrons pour un seul de nos intérêts de tel ou tel vote de personnes étrangères à la Hongrie ? En acceptant la loi sur les affaires communes, vous contractez une alliance d’égal à égal comme celles que concluent souvent deux états, et il ne m’est pas possible de discerner l’inconvénient qu’il pourrait y avoir à développer le principe d’une libre entente entre l’Autriche et nous, lorsque de part et d’autre nous trouverons intérêt à ce rapprochement. Le principe d’une action commune entre la diète hongroise et les représentans des autres pays de la monarchie, limité comme il l’est aujourd’hui par le projet des soixante-sept, est dans ma conviction intime la solution vraie de la question de nos rapports avec l’Autriche. »


Reste la plus grosse objection de la gauche. « Pourquoi, disaient MM. Ghiczy et Tisza, associer davantage le sort de la Hongrie à celui d’une monarchie menacée de dissolution ?