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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre 1867.

Si diminuée que la vie publique soit parmi nous, malgré la confuse incertitude des idées et l’indolence des caractères, les débuts d’une session apportent toujours à ceux que le mouvement politique ne laisse point indifférens le sentiment de quelque chose de nouveau. Peu de sessions législatives se sont ouvertes dans une situation moins claire que celles où nous nous trouvons au dedans ou au dehors ; ennuyés et chagrins, les esprits ne paraissent point prêts à obéir à des impulsions concentrées, résolues et vigoureuses ; la France a pris l’habitude d’une longue passivité ; elle ne cherche plus en elle-même, pour les encourager et pour les suivre, les intelligences et les volontés capables d’exercer une initiative supérieure dans le développement des institutions ou dans la conduite de notre action extérieure. Cependant, sans trop bien voir la route devant soi, on sent que dans la période politique qui commence nous allons faire quelque chemin, et que nous approchons du moment où la force des choses ranimera chez nous la vie publique.

Tout l’intérêt du présent et de l’avenir, au point de vue politique, est pour notre pays de ressaisir le gouvernement de lui-même par lui-même, le self-government, l’autonomie. De récentes et graves leçons nous ont montré combien il importe que la politique extérieure de la France soit conforme aux inspirations nationales et non aux supputations d’une pensée solitaire. L’instinct et la raison du pays, s’ils eussent dominé la direction de notre politique étrangère, nous eussent épargné, — la conscience du monde en est témoin, — et le désastre douloureux et humiliant de l’entreprise du Mexique et les soucis qui nous ont été créés par la guerre et la révolution allemande de l’année dernière. Au temps où nous vivons, un peuple qui néglige les institutions intérieures et abdique la direction de ses affaires livre au hasard la sécurité de son existence