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plus intimes de la vie. On y a réuni jusqu’ici toutes les espèces qui habitent les côtes de Bretagne, des turbots, des soles, des plies, des muges, des raies, des homards et des langoustes, et l’on a pu se convaincre déjà que la croissance de ces animaux était beaucoup plus rapide qu’on ne le supposait, et toujours proportionnelle à la quantité d’alimens qu’ils consomment. Un certain nombre de ces poissons, tous à peu près de même force, ayant été mis dans un bassin, on s’aperçut que la nourriture qu’on leur donnait était presque entièrement absorbée par les plus voraces, qui prenaient un rapide accroissement, tandis que les autres restaient petits. Lorsque les plus gourmands furent enlevés, d’autres prirent leur place, et s’engraissèrent aux dépens des plus faibles, en sorte qu’on put, en retirant successivement ceux qui avaient atteint les dimensions suffisantes, leur donner à tous la même taille et les mêmes qualités marchandes. Cette intéressante expérience prouve que les procédés de stabulation, dont l’agriculture a tant à se louer pour l’engraissement des bestiaux, pourraient être appliquées avec avantage aux hôtes de l’océan. Jusqu’ici, les poissons ne se sont pas reproduits dans ces viviers, tandis que les crustacés au contraire s’y accouplent fréquemment. On en expédie chaque jour par douzaines sur les principaux marchés, où ils arrivent toujours vivans. Il y a là évidemment les élémens d’une industrie productive, et parmi les essais qui ont été suivis de succès on cite celui de M. Gudin, dans l’île de Tudy, dont les bassins ne contiennent pas moins de 75,000 langoustes ; mais c’est surtout de la multiplication des huîtres que M. Coste s’est occupé, et l’aquarium marin nous offrait quelques spécimens des appareils employés pour cet objet.

On sait que ces mollusques si recherchés des gourmets vivent à proximité des côtes, et qu’ils s’attachent par une de leurs valves aux rochers qui leur servent de demeure. Fixés pour la vie sur ce même point, ils entr’ouvrent de temps en temps leur valve supérieure pour s’imprégner d’eau de mer et absorber les animalcules qui s’y trouvent et qui leur servent de nourriture. La réunion d’un grand nombre d’huîtres sur un même point constitue un banc ; on en rencontre dans presque toutes les mers, à peu de distance de l’embouchure des cours d’eau, où la nourriture est en général plus abondante. La consommation européenne est alimentée par l’Océan, la mer du Nord, l’Adriatique et la Méditerranée ; mais on trouve également l’huître en Chine, aux Antilles et sur les côtes d’Amérique, où l’on en fait un commerce qui n’est pas évalué à moins de 20 millions de dollars. La pêche se fait au moyen d’une drague, espèce de râteau de fer muni d’un filet qui arrache les huîtres à leur rocher et ramène tout ce qu’il rencontre. Généralement les