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LES
HOMMES D'ETAT
DE LA TURQUIE

AALI-PACHA ET FUAD-PACHA.

On a prêté dans le temps au plus inattendu des visiteurs de l’exposition universelle un mot où il aurait heureusement résumé les impressions qu’il emportait de son voyage en Occident : « J’ai vu en France les résultats de la civilisation, en Angleterre j’en ai vu les causes. » Croira qui voudra que sa majesté impériale le sultan Abdul-Azis ait daigné sortir une minute de son silence ennuyé pour aiguiser une épigramme et tourner une flatterie. Ce n’est pas à Constantinople qu’on a pu s’y tromper ; on a reconnu là facilement le tour d’esprit tout français et les préférences anglaises de l’illustre personnage qui accompagnait le sultan, et l’on n’a pas douté un instant que Fuad-Pacha n’eût cru devoir faire honneur de ce trait à son maître, dont l’auguste mutisme finissait par étonner. Ce mot assez énigmatique et plus ou moins juste n’a pu être dit dans tous les cas que par un homme qui connaît à fond l’Europe et qui observe les choses en politique. Des qualités de même ordre ne se reconnaissent pas moins dans les dépêches turques que renferme le livre jaune de 1867, et qui forment un curieux contraste avec celles des ministres de France. On ne saurait montrer plus de zèle