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LES REFORMES
DE L'ENSEIGNEMENT

L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Questions contemporaines, par M. Ernest Renan.

L’attention générale est en ce moment très occupée de notre enseignement public : c’est un bon signe, La pire indifférence est celle d’un peuple qui ne s’inquiète pas de la manière dont on élève ses enfans. Quand il délaisse ce grand intérêt, c’est qu’évidemment rien ne le touche plus, qu’il n’a plus de souci de l’avenir, et qu’il s’abandonne lui-même. Ce mouvement auquel nous assistons, et dont il faut s’applaudir, est en grande partie l’ouvrage du ministre actuel de l’instruction publique. Il est certain que ses essais de réformes ont communiqué aux esprits une agitation salutaire, et qu’il a posé des questions que, malgré nos répugnances, il nous faudra bien résoudre. C’est un service très réel qu’il nous a rendu. Ceux même qui lui reprochent des témérités, des hésitations, des incertitudes, ne doivent pas oublier qu’à un moment où les plus forts politiques ne se confiaient que dans le silence il n’a pas eu peur de la parole, qu’il a provoqué la contradiction, et que les controverses animées que ses projets ont soulevées dans tous les partis n’ont pas été inutiles à ce réveil de l’esprit public dont nous sommes témoins. Laissons s’en plaindre tous ces effrayés que le moindre