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L'ITALIE A L'OEUVRE
DE 1860 A 1868

Nul n’ignore ce que les Italiens ont tenté de nos jours pour se constituer en nation forte et en peuple libre ; mais ils avaient une autre œuvre, plus difficile peut-être, à commencer : ils devaient faire de leur pays un pays moderne. Ce n’était pas seulement l’unité et la liberté, c’était aussi la civilisation qu’ils devaient conquérir. A leur tâche patriotique, à leur tâche politique, se joignait impérieusement une tâche morale et sociale. C’est ce dernier travail des Italiens que nous voudrions étudier aujourd’hui. Un récent voyage dans la péninsule entière, quantité de brochures et de volumes recueillis en chemin, nous permettent de nous engager sur ce terrain nouveau[1]. Nous essaierons, à l’aide des documens qui nous ont été fournis et de nos observations personnelles, de montrer l’Italie à l’œuvre, de compter ses habitans, d’indiquer leur état civil, leur état social, leur état religieux, de passer en revue les ouvriers des champs et des villes, les paysans, les artisans et leurs maîtres, en un mot toute la population et les travaux qui l’occupent. Nous dirons ensuite ce que l’Italie a fait pour le progrès moral et matériel de ses citoyens, pour leur instruction, leur bien-être : heureux si cette étude rapide, mais exacte, attire à l’Italie quelques sympathies nouvelles.

  1. Il serait trop long d’indiquer toutes les sources où nous ayons dû puiser. Signalons seulement une savante étude de M. Luigi Bodio, professeur d’économie politique à Livourne : Sui documenti statistici del Regno d’Italia, Firenze, 1867, et un volume important (l’Italie économique en 1867), écrit en français par M. P. Maestri, qui dirige avec une intelligente et infatigable activité la statistique italienne.