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de cette guerre sans fin qui épuise le Brésil, qui réagit sur sa situation intérieure et met ses finances aux abois. Le successeur de M. Zacarias comme président du conseil est un homme d’une assez grande notoriété au Brésil, le vicomte d’Itaborahy, et le membre le plus important du nouveau cabinet est le ministre des affaires étrangères, M. du Silva Paranhos, qui a eu autrefois un rôle diplomatique fort actif dans la Plata. Le nouveau ministre de l’empire est M. Paulino Soares de Souza, fils de l’un des premiers hommes d’état du Brésil, le vicomte de l’Uraguay, et distingué lui-même comme orateur. Au point de vue des partis intérieurs, c’est un cabinet conservateur succédant à un cabinet libéral. Malheureusement ce ministère avait une origine peu parlementaire, et lorsqu’il s’est présenté devant les chambres avec son programme, où la réorganisation des finances se liait à la pensée d’une paix honorable, sénat et chambre des députés l’ont accueilli par un vote presque unanime de défiance adopté après les discussions les plus vives. Le ministère ne s’est point tenu pour battu. Placé dans l’alternative de se retirer ou de dissoudre la chambre, il a prononcé la dissolution en convoquant une assemblée nouvelle pour le 3 mai 1869. Il s’est donné ainsi le temps de réfléchir et d’agir en prenant, il est vrai, une sorte de dictature qui peut devenir lourde pour lui-même autant que pour le pays. Le ministre d’Angleterre à Buenos-Ayres, M. Gould, écrivait à la vérité récemment encore que le Brésil croyait de son honneur de ne pas traiter avec le président Lopez ; trois ans de guerre sans résultat décisif pourraient cependant atténuer bien des susceptibilités, bien des prétentions. L’ancien ministère était gêné par son passé ; le nouveau cabinet est né évidemment d’un retour à des idées moins superbes, et la paix est un assez grand bienfait pour que le Brésil hésite à pousser plus loin une lutte d’où il sortira en définitive avec plus de dettes que de véritable gloire. ch. de mazade.



Dictionnaire de l’Académie des Beaux-Arts. Paris, Didot, 1868.


L’Académie des Beaux-Arts vient de publier le second volume de son Dictionnaire, la plus importante aujourd’hui de ses tâches publiques, la seule même, ou peu s’en faut, que les conditions qu’on lui a faites depuis près de cinq ans lui permettent encore d’accomplir. Sauf les prix annuels qu’il lui appartient de décerner aux termes de quelques fondations particulières, il ne reste plus en effet à la quatrième classe de l’Institut, pour agir sur l’art contemporain, que les exemples de talent individuellement donnés par les membres qui la composent et l’autorité morale des doctrines qu’elle représente. Ces exemples sont considérables, il est vrai. Pour n’en citer que quelques-uns parmi les plus récens, les belles peintures de M. Alexandre Hesse dans l’église de Saint-Gervais à Paris, les figures allégoriques aussi savantes qu’impré-