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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/504

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stration dans le vide, d’un acte d’ostentation qui ne résoudrait rien, qui ajournerait seulement la difficulté, puisqu’il laisserait intacte la question de savoir si nous sommes les amis ou les adversaires de l’Allemagne nouvelle, et qui n’aboutirait qu’à faire peser indéfiniment sur la France le poids d’un armement aussi onéreux que magnifique. Le mot de ce système, c’est l’indécision sous une autre forme, sous une apparence de force, cette indécision qui a déjà laissé tant de traces dans notre politique extérieure, et qui n’est pas le caractère le moins sensible de notre politique intérieure.

Assurément, depuis quelques années, notre situation intérieure s’est singulièrement compliquée, non-seulement par le réveil d’opinion qui se manifeste avec une si vive intensité, mais encore parce que devant ce mouvement croissant des esprits on a hésité, on a louvoyé, lorsque la tactique la plus simple, la plus habile et la plus efficace était de marcher d’un pas ferme et assuré dans cette voie où l’on entrait, de faire une sincère et large part à la spontanéité de cette opinion qu’on se décidait à affranchir des tutelles administratives. L’indécision est la plus vaine des politiques, disons-nous ; elle est certes aussi laborieuse que la politique la plus résolue, et elle ne rapporte pas ce qu’elle coûte. Elle met le gouvernement dans cette maussade situation de ne pas même recueillir les avantages des concessions qu’il fait. A quoi ont servi jusqu’ici au gouvernement ses velléités libérales mal assurées ? Elles n’ont eu d’autre effet que de l’engager dans de mauvaises affaires où il a toujours l’air de retirer ou de restreindre ce qu’il avait accordé. C’est ce qui lui arrive dans tous ces procès de presse qui se succèdent au point de ne plus laisser de loisirs à la magistrature. C’est ce qui lui est arrivé dans ces deux procès pour les réunions électorales de Nîmes et d’Alais. Les deux condamnations qui ont été prononcées ne donnent à coup sûr aucune force à l’administration. Elles ajoutent peut-être à ses moyens d’action par une interprétation plus restrictive du droit de réunion privée, elles n’ajoutent rien à son autorité morale. Il en résulte entre l’opinion et le gouvernement une lutte qui tend chaque jour à devenir plus vive, et dont le résumé est aujourd’hui l’élection du Var, cette élection où M. Dufaure est le candidat de l’opposition.

Que M. Dufaure soit nommé ou qu’il ne soit pas nommé, la lutte engagée à Toulon n’aura pas moins eu son importance ; elle reste comme un résumé de ce que seront les élections prochaines, elle a mis en jeu les forces des diverses opinions indépendantes ralliées sous une inspiration libérale en face de l’administration, résolue plus que jamais, on le dirait, à maintenir les candidatures officielles. Tout dépend en grande partie, il est vrai, du degré de consistance que prendra ce rapprochement des opinions qui s’opère sous le nom d’union libérale, et, on peut le voir déjà, l’union libérale, née à peine d’hier, est l’objet d’attaques partant