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L’ŒIL ET LA VISION
D’APRES
LES TRAVAUX PHYSIOLOGIQUES ET PHYSIQUES LES PLUS RÉCENS.

I. Optique physiologique, par H. Helmholtz, trad, en français par MM. E. Javal et N. Klein; Paris 1868. Victor Masson. — II. Die Neueren Fortschritte in der Theoric des Sehens, par le même. — III. Physiologie et pathologie fonctionnelle de la vision binoculaire, par M. Giraud-Teulon; Paris 1868.

Nous n’avons avec la nature que des contacts : toutes nos connaissances viennent de nos impressions, et les impressions ne sont, pour ainsi parler, que les signes qui révèlent le monde extérieur. Les corps mêmes nous restent vraiment étrangers; nous percevons le temps et l’espace par l’intermédiaire des sensations comme nous lisons les pensées à travers les mots. Les contacts avec le monde externe sont limités par la nature et le nombre des sens; le toucher nous fournit un contact continuel, mais obtus et pesant; toute la surface du corps est recouverte de petits appareils nerveux, plus ou moins serrés, qui sont comme autant de doigts invisibles, sensibles à tous les changemens de température et de pression. Ces fins tentacules explorent l’espace et étudient la forme, mais ils sont liés aux membres, et le toucher ne nous laisse jamais sortir d’un horizon des plus bornés. L’ouïe nous y retient de même, car ce sens n’analyse que les mouvemens produits dans l’air et dans les corps placés à notre proximité. Le sens le plus libre, le plus hardi,