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ne saurait désarmer en présence de ces dispositions nouvelles. De son côté, M. de Mensdorff écrivit le 26 au comte Karolyi que le désarmement ne pourrait commencer en Bohème que lorsqu’on serait assuré que les mesures défensives dirigées contre l’Italie ne changeraient rien aux intentions du gouvernement prussien. Dans une seconde dépêche, il revenait sur la question des duchés; le gouvernement impérial, disait-il, ne pouvait accepter la décision des syndics de la couronne de Prusse, dont le résultat serait de donner un caractère définitif aux stipulations de Gastein; il n’y avait qu’une issue à la situation grave où l’on se trouvait, disposer des duchés en faveur d’un tiers et laisser à la diète le soin de résoudre cette affaire, exclusivement allemande. Dans le cas où la Prusse y consentirait, le cabinet de Vienne s’engageait à la faire maintenir en possession de Kiel, Rendsbourg et Sonderbourg; mais, si la Prusse repoussait cette proposition, l’Autriche se verrait forcée de saisir elle-même ses confédérés de la question. M. de Bismarck s’abstint pour le moment de répondre formellement sur ce dernier point. Il n’en écrivit que le 7 mai à M. de Werther, et encore d’une manière confidentielle; ce fut pour écarter la proposition. Sur la question du désarmement, il avait répondu dès le 26 avril, se bornant d’ailleurs à dire qu’il attendait toujours des notes détaillées sur les délais de réduction, et qu’il ne pouvait reconnaître la gravité des nouvelles d’Italie, par lesquelles l’Autriche voulait justifier les mouvemens de ses troupes. En présente de ces déclarations, M. de Mensdorff crut devoir clore le débat sur la question du désarmement réciproque.

Le conflit dès lors était bien déclaré. Il allait s’étendre à toute l’Allemagne. Dans l’intervalle en effet, la Prusse avait invité la Saxe à s’expliquer sur ses armemens. M. de Beust avait répondu que le gouvernement saxon n’avait d’autre dessein que d’exécuter ses devoirs fédéraux; si d’ailleurs ou avait quelque grief contre lui, on pouvait en saisir la diète. Il ne menaçait personne et croyait avoir plus besoin d’être rassuré lui-même que de rassurer les autres. A Berlin, non-seulement on ne dit rien pour rassurer la cour de Dresde, mais on laissa entendre que, les explications ne paraissant point satisfaisantes, la Prusse n’aurait plus qu’à prendre des mesures militaires correspondantes à celles de la Saxe. Celle-ci présenta le 5 mai à la diète une motion ainsi conçue : « le gouvernement prussien sera invité à rassurer complètement la confédération en considération de l’article 11 du pacte fédéral. » Le vote fut renvoyé au 9 mai. Dans l’intervalle, la Prusse mobilisait son armée. M. de Savigny déclara qu’elle y avait été amenée par les besoins de sa défense, que dès le 24 mars elle avait communiqué ses inquiétudes à ses confédérés et avait demandé leur assistance, que, loin de