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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/513

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pouser l’un ou l’autre, et, sur son refus de faire un choix, elle est à l’amiable dévolue à l’un d’eux. La petite personne a de la tête, et le moyen qu’elle emploie pour déjouer cette persécution est profondément politique. Elle feint pour l’un des barbons une passion aussi subite qu’ardente. Voilà la vanité de nos deux égoïstes aux prises. C’était tout à l’heure entre eux à qui ne se mettrait pas une femme sur les bras, c’est maintenant une lutte à qui ruinera son ami dans l’esprit de la belle enfant. Ainsi désunis, ils sont facilement vaincus, et Suzanne épouse son jeune amoureux. Écrit et joué avec entrain, ce petit acte a lestement enlevé le rire et les applaudissemens.




ESSAIS ET NOTICES.


UN MOT SUR LA FÊTE INTERNATIONALE DE SAINT-RÉMY DE PROVENCE.

On a beaucoup parlé dans ces derniers temps de la fête littéraire internationale célébrée à Saint-Rémy de Provence. Les lecteurs de la Revue connaissent déjà notre opinion sur cette renaissance de la poésie provençale au XIXe siècle ; ils savent à quelles conditions, dans quelle mesure, avec quelles idées et quelles espérances nous avons approuvé les tentatives que représentent ces trois noms, Joseph Roumanille, Frédéric Mistral, Théodore Aubanel[1]. L’épisode nouveau qui vient de se produire méritera une nouvelle étude. Il montre en effet que cette renaissance provençale n’est pas un vain jeu, puisqu’elle éveille de tels échos au-delà des Pyrénées ; il montre aussi combien la renaissance provençale de notre midi diffère de la renaissance provençale en Catalogne. On sait que les fêtes de Saint-Rémy ont eu pour objet la fraternité littéraire de ces deux contrées ; il y a longtemps que la Catalogne et la Provence parlaient deux dialectes de la même langue ; elles y sont constamment demeurées fidèles à travers les vicissitudes qui ont donné la prééminence à un idiome plus heureux, elles y sont revenues depuis quelques années avec un redoublement de tendresse filiale, et un jour, des circonstances fortuites ayant rappelé aux deux provinces leur antique parenté, des fêtes auxquelles le peuple même a contribué, des fêtes littéraires

  1. Voyez dans la Revue du 15 octobre 1859, l’étude intitulée : la Nouvelle poésie provençale.