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reconnu par le directeur de la fabrication. Ainsi préparée, elle est expédiée au contrôleur du monnayage, qui la compte, la pèse et inscrit au bulletin le poids qu’il a trouvé ; un commissaire vérifie et relate le poids à son tour. Ce triple contrôle a pour but d’éviter toute erreur et de déterminer les responsabilités respectives. Les mannes sont livrées aux ouvriers monnayeurs, et alors on ajoute au bulletin le numéro de la presse qui va transformer les flans en pièces de monnaie. Les ouvriers travaillent pour le compte et aux frais du directeur de la fabrication, mais sous la surveillance immédiate des agens de la commission des monnaies.

La salle où sont contenues les presses est monumentale, jadis elle était destinée aux balanciers ; elle se termine par une sorte d’abside en demi-rotonde d’où les contrôleurs et leurs employés, embrassant d’un coup d’œil l’ensemble des travaux, ne laissent échapper aucun détail de la fabrication. Les presses, mues à la vapeur, sont alignées de chaque côté derrière une balustrade qui en défend l’approche ; chacune d’elles est sous la direction d’un ouvrier spécial. Grâce à un mécanisme très simple et très ingénieux, la pièce est instantanément frappée sur les deux faces et sur la tranche. Une bielle et un levier déterminent le mouvement d’une colonne à la base de laquelle le coin de pile est fixé ; à la partie inférieure, précisément au-dessous de la colonne qui se baisse et se relève, une boîte jouant sur une rotule porte le coin de tête entouré de la virole brisée, qui, montée sur ressorts, s’écarte et se resserre par un mouvement alternatif. La distance ménagée entre les deux coins est réglée par une vis ; on comprend dès lors que, si un flan est placé de façon à combler cet intervalle, il se trouve entre les deux coins, qui le pressent simultanément avec une force équivalente, dit-on, au poids de 20, 000 kilogrammes, et qu’il reçoit du même coup la triple empreinte nécessaire à toute monnaie garantie. Tel est ce système, surtout précieux par la rapidité de fabrication qu’il permet d’atteindre.

Un godet dressé sur la tablette reçoit de l’ouvrier conducteur une pile de flans qui, saisis par un organe articulé qui se nomme main-poseur, sont poussés dans la cavité circulaire formée par la virole ; dès que le flan est frappé, il est remonté par le mouvement de la boîte et dirigé vers une gouttière qui le fait glisser dans une sébile posée sur le plancher. La machine a en outre l’avantage de débrayer elle-même, c’est-à-dire de s’arrêter toute seule, lorsqu’elle rencontre un flan trop large, ou que le godet est vide. La presse monétaire frappe en moyenne 3, 600 pièces par heure, une par seconde. Il tombe là une pluie d’or qui éblouirait bien des Danaés ; c’est un cliquetis métallique qui accompagne de notes aigrelettes le sourd