En aucune façon, seulement…
Vous voyez bien !
Je vois que vous êtes jalouse, voilà ce que je vois.
Non, non, cent fois non. Je ne suis pas jalouse ; je respecte trop mon mari pour que cela me soit possible. J’éprouve ce que toutes les femmes éprouvent, rien de plus, ce que vous éprouveriez vous-même.
Oh ! par exemple, vous me connaissez bien peu… Je verrais M. de Queyrel sur le seuil d’un sérail que je serais aussi tranquille…
Vous vous feriez passer pour une femme qui n’a pas de cœur.
Cela prouve tout simplement que je suis sûre de lui.
Moi aussi, je suis sûre de mon mari ! Croyez-vous pas ?… est-ce que jamais une pensée semblable ?… Ah ! mais c’est qu’aussi vous vous lancez dans les extrêmes !… Sûre de mon mari ! Je sais bien, n’est-ce pas ? qu’il est incapable d’un crime.
Un magistrat ! Il ne manquerait plus que cela ! (On aperçoit ces trois messieurs, qui se sont arrêtés devant la fenêtre restée ouverte, et qui écoutent jusqu’à la fin de la scène.)
J’ai autant de confiance dans M. Valéry que vous pouvez en avoir dans M. de Queyrel, je vous prie de le croire.
Je ne vous dis pas, mais j’ai plus de calme que vous, moi. Je raisonne mes passions, voilà pourquoi j’ai plus de calme.
En dépit de tout votre calme, ma chère amie, le jour où vous verriez une femme regardant M. de Queyrel d’une certaine façon, vous seriez…
Jalouse ? Ah ! grand Dieu !
Non, pas jalouse ; je vous estime trop pour vous croire capable d’un pareil écart ; mais vous éprouveriez ce sentiment dont je vous parlais tout à l’heure, sentiment que je ne me charge pas de vous expliquer… C’est nerveux.