Scène V.
Il m’a échappé, et il n’est point ici ! (Haut, avec douceur.) Toujours travaillant, mesdames ?
Et bavardant aussi.
Vous n’avez ?… C’est charmant ce petit ouvrage que vous faites.
N’est-ce pas ?
Vous n’avez pas vu mon mari ?
Mais c’est vous-même qui venez de nous l’enlever il n’y a qu’un instant.
Qu’un instant ! il y a un siècle ! (Haut.) Je ne m’explique pas parfaitement la malice de votre sourire ; il n’y a rien de fort extraordinaire à ce que j’aie besoin de consulter mon mari.
Assurément.
Ah ! vous aussi, madame ! Je vois que vous êtes toutes deux en fort belle humeur, et je me retire de peur de faire ombre au tableau. — (À part.) Il a des cheveux gris, je ne le nie pas, mais quelle garantie m’offrent ces cheveux gris ? Il est désœuvré, faible, enthousiaste, capable d’obéir aux moindres influences,… et c’est lui qui les a invitées ! Pourquoi m’échapper ?… Ah ! le voici. Je me disais bien qu’il ne pouvait être loin.
Scène VI.
Comment, mesdames, pouvez-vous rester ici quand il fait si beau temps dehors ? Que ne venez-vous au bord de la rivière, à l’ombre des vieux saules ? L’herbe y est épaisse et fine, et l’on y cause au frais. N’est-ce pas, messieurs, qu’on est bien là ? Nous en arrivons.
L’endroit est délicieux ; le murmure de ces roseaux que le courant caresse…