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convient donc à l’Italie de diriger d’abord tous ses efforts vers l’enseignement élémentaire. Pour ne pas nous écarter de notre sujet, nous dirons seulement ce qu’elle fait eu faveur de l’instruction secondaire. La loi Casati, promulguée en 1859, est une imitation un peu trop servile des institutions scolaires de la France; elle prescrivit des programmes et des épreuves d’examen, tant pour constater le mérite des professeurs que pour vérifier les progrès des élèves; elle organisa un état-major administratif secondé de conseils consultatifs où l’élément local est représenté. Enfin cette loi établit une hiérarchie entre les divers établissemens d’instruction. Il y eut des gymnases et des lycées, les premiers fréquentés par les élèves des classes élémentaires et de la division de grammaire, les seconds comparables aux classes supérieures de nos lycées français. Parallèlement à ces deux catégories d’écoles qui donnent la culture classique, les écoles techniques reçoivent les enfans qui recherchent l’enseignement plus modeste des sciences utiles. Le plan d’ensemble de cette organisation scolaire est bon; mais dans la réalité on n’a pas été capable de le suivre avec constance. Le nombre des lycées, des gymnases et des écoles techniques s’est accru outre mesure; il y en avait en 1865 plus de 200 pour moins de 25,000 élèves. Le corps enseignant est trop nombreux, mal rétribué, et partant peu instruit. Le niveau moyen des études est si faible que les examinateurs sont souvent forcés d’être trop indulgens, d’où il résulte que les diplômes sont illusoires. La grande université de Naples, que fréquentent 5,000 étudians, n’exige encore aucun certificat d’aptitude des jeunes gens qui suivent les cours. On attribuera ces défauts, si l’on veut, à la mollesse native du peuple italien; mais il nous paraît plus juste de les mettre à la charge du régime d’études déplorable que la loi Casati a eu la prétention de réformer.

On vient de voir quels principes président à l’instruction secondaire chez les peuples les plus avancés en civilisation. Nous avons trouvé les Anglais trop classiques dans leurs grandes écoles publiques, trop libres dans les méthodes d’enseignement, trop indépendans dans l’organisation scolaire. Les Écossais, enclins à déprimer le niveau supérieur des études, sont dotés par compensation d’un système d’enseignement primaire très efficace. Les Américains du nord sacrifient aux connaissances utiles la haute culture intellectuelle. Les Suisses s’abandonnent aux tendances industrielles, ce qui est d’autant plus fâcheux que l’organisation de leurs écoles du premier degré est parfaite; l’Italie ne peut montrer que de louables efforts de réforme. L’Allemagne du nord triomphe par la bonne tenue de ses écoles et par un partage judicieux entre les études littéraires et les études scientifiques. Enfin la France marche du même