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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 80.djvu/213

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navigation transatlantique subventionnée ont créé trois réseaux. Tandis que celui de l’Amérique du Nord a été attribué au Havre, celui du Brésil et de Buenos-Ayres à Bordeaux, Saint-Nazaire a eu pour sa part les Antilles, le Mexique, Colon-Aspinwall et Cayenne, avec diverses ramifications secondaires. Cette branche de la navigation directe comprend deux lignes partant de Saint-Nazaire : l’une dessert l’île de la Martinique, Sainte-Marthe sur la côte ferme et aboutit au fond du golfe à Colon-Aspinwall, en correspondance immédiate avec le chemin de fer de Panama; l’autre, touchant à Saint-Thomas et à La Havane, gagne la Vera-Cruz. En 1868, la loi qui a créé la ligne du Pacifique, dont la mise en activité ne pourra pas avoir lieu avant dix-huit mois ou deux ans, a confirmé implicitement les attributions primitives, qui ne pourraient être modifiées que par une loi. Ce n’est pas seulement par la loi, qu’il serait toujours possible de changer, que se défendent le mieux les services affectés au port de Saint-Nazaire, c’est par la nature des choses, par la géographie même, qui ne dépend de la volonté de personne. Aussi, lorsqu’on a parlé de transférer au Havre la ligne de la Vera-Cruz, il ne pouvait y avoir là que de simples études, comme une compagnie est toujours libre d’en entreprendre; mais il n’y avait rien qui ressemblât à une éventualité de changement. Les intérêts engagés dans cette question si grave, intérêts de la Compagnie transatlantique, intérêts de telle ou telle compagnie de chemin de fer, ce ne sont là, au fond, que des intérêts particuliers, dominés de bien haut par l’intérêt général. Or rien ne peut ravir à Saint-Nazaire l’avantage d’être le point d’arrivée de l’accès le plus facile dans la navigation à vapeur de la France avec l’Amérique centrale. Telle est pour ce port la véritable raison de confiance et de sécurité. Le mouvement que les paquebots transatlantiques lui assurent ne pourra que grandir avec les nouveaux services postaux qui se prolongeront, par-delà l’isthme de Panama, et en touchant aux ports principaux de l’Amérique méridionale, jusqu’à Valparaiso. Cette nouvelle création a donné tout de suite naissance en Angleterre à une entreprise qui témoigne une fois de plus du génie commercial si hardi de nos voisins d’outre-Manche. Mécontente de n’être plus seule à desservir l’Amérique du Sud, la compagnie anglaise a voulu opposer sans délai une nouvelle concurrence à nos paquebots. Elle a créé une ligne mensuelle de steamers-poste allant de Liverpool à Valparaiso par le détroit de Magellan, et se reliant avec la ligne du Chili à Panama. Le service est en pleine activité depuis