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expérience, comparable à tous égards à celles qu’on a exécutées sur des végétaux.

Tout en réunissant des caractères empruntés aux deux espèces, les hybrides de premier sang tenaient plus du bombyx de l’ailante que de celui du ricin. Ce cachet général se retrouvait dans les papillons et jusque sur les cocons. Ils étaient d’ailleurs assez semblables entre eux. « Il n’en a pas été de même, dit M. Guérin-Méneville, des métis (hybrides), issus de l’alliance des métis (hybrides) entre eux. Les produits de cette génération ont montré un mélange dans la couleur des cocons et des papillons qui est allé en augmentant à mesure que les générations entre métis se succédèrent. Ainsi chez les derniers, ceux de la troisième génération entre métis, il s’est trouvé la variété la plus grande possible, et le phénomène le plus intéressant a été de voir des métis prendre entièrement le caractère soit du type ailante, soit du type ricin. » Nous retrouvons ici, on le voit, dès la seconde et la troisième génération la variation désordonnée et le retour que nous avions vus se manifester chez les plantes. Ces phénomènes se sont développés de plus en plus chez ces hybrides d’invertébrés. En même temps l’empreinte du ver du ricin s’est de mieux en mieux accusée, et a fini par prendre si bien le dessus que la dernière éducation a donné presque en totalité des cocons appartenant au type qui semblait d’abord avoir été presque effacé.

Les expériences d’hybridation chez les vertébrés ont été bien plus nombreuses que dans l’autre sous-règne. Il est peu d’amateurs d’oiseaux qui n’en ait tenté quelqu’une. Malheureusement nous n’avons pas sur cette classe d’observations précises et propres à éclaircir les questions qui nous occupent en ce moment. Il en est autrement pour les mammifères. Nous rencontrons chez eux un certain nombre de faits qui sont fort loin toutefois de présenter le même intérêt, et dont quelques-uns sont évidemment apocryphes. Isidore Geoffroy avait déjà fait justice du prétendu croisement fécond entre le taureau et l’ânesse, entre la chevrette et le bélier. Les renseignemens qu’a bien voulu me donner M. de Khanikoff montrent qu’il faut mettre dans la même catégorie celui du dromadaire et du chameau. Les fameuses expériences de Buffon sur le croisement du loup et du chien ont malheureusement été interrompues avant qu’elles pussent permettre de conclure, et n’ont été reprises par personne. Les détails précis manquent sur quelques autres faits cités par divers auteurs, et la seule conséquence qu’on puisse en tirer, c’est que chez un certain nombre d’animaux, comme chez le chien qu’on marie au loup, le croisement des espèces n’annihile pas la fécondité dans les descendans pendant trois ou quatre