Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 80.djvu/903

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sonde venant à se multiplier dans toutes les directions, l’on vit bientôt que le haut des falaises n’était pas moins favorable que les parties plates. Ce fut le point de départ de la découverte d’un grand nombre d’autres nappes jaillissantes au nord-est et au sud-ouest des premiers puits. Ainsi prirent naissance de nouveaux centres, parmi lesquels Pioneer Run, Bennyhoff, Pithole, Tidioute et Pleasantville, qui tient aujourd’hui le sceptre. Cette place était, il n’y a guère plus d’un an, un tout petit village paisible, renommé pour sa position pittoresque et servant de résidence à quelques familles d’oil men enrichis par les premières découvertes. Au mois de février 1868, un sondeur judicieux ayant frappé une abondante veine dans l’intérieur même du village, soudain le flot des spéculateurs se rua de ce côté, et l’on vit derricks et auberges s’élever comme par enchantement. La plus grande partie des terres se trouvait être la propriété de quelques praticiens exercés qui avaient eu plus ou moins à souffrir des fautes commises en 1864 et 1865. Grâce à eux, les affaires furent dès le premier jour sérieuses, on découragea brutalement les joueurs, qui n’eurent bientôt qu’à s’en aller, et le travail fut entièrement gouverné par les producteurs, practical operators : Cette conduite a porté les meilleurs fruits. Pleasantville fournit en ce moment la cinquième partie de toute la production d’Oil-Creek, soit plus de 2,000 barils par jour, et il n’y a pas de localité où l’on ait réussi à éviter aussi bien les essais infructueux. L’industrie du pétrole tend de plus en plus à s’établir sur cette base honnête et sûre ; les histoires des mauvais jours de la fièvre de l’huile appartiennent désormais à la légende.

Le berceau de cette légende est situé à peu près à moitié chemin entre Titusville et Oil-City, et forme une bande qui embrasse à peine 7 ou 8 kilomètres ; c’est d’ailleurs l’endroit précis où la rivière est coupée par le gisement général qui se dirige de l’ouest de la Virginie vers Pleasantville. Là se trouvent un grand nombre d’anciens puits qui donnèrent jusqu’à 1,000 barils par jour. L’Empire well rejeta quotidiennement 2,000 barils pendant plusieurs mois en 1862, et ne s’épuisa entièrement qu’au bout de quatre années ; le Big-Phillips well date de la même époque, et fit surgir le centre populeux de Tarr-Farm, dans Oil-Creek, avec la plus grande des raffineries de Pittsburg, à la suite de l’excitation qu’amena l’annonce d’un débit de 3,000 barils soutenu sans faiblir pendant six semaines. Ce puits a donné lieu à des scènes uniques. La veine jaillissante fut rencontrée avant qu’on n’eût atteint 200 mètres de profondeur, et que le trou de sonde ne fût muni de son tube de fer. Il y eut d’abord une irruption de gaz suivie d’une gerbe d’eau salée qui s’élança, dit-on, à 30 mètres de haut ; les outils furent projetés au