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L’étude des animaux fossiles, précédant celle des végétaux, avait déjà fourni quelques données sur le climat des époques géologiques. Les analogues des formes animales les plus anciennes ne se retrouvent que dans les pays chauds, et les encrines des mers siluriennes, qui couvrirent les premières une surface considérable du globe terrestre, n’ont plus de congénères que dans les eaux chaudes des Indes orientales. Nous devons à la paléontologie végétale des données aussi rigoureuses qui viennent confirmer celles de la paléontologie animale. De nos jours, les fougères arborescentes et les grandes espèces de prêles ou de lycopodes ne vivent que dans les régions chaudes et humides de l’Asie méridionale, de l’Amérique tropicale et des Antilles. Un climat tropical était donc à cette époque celui du globe tout entier, puisque, du Spitzberg à l’équateur et de l’équateur à l’Australie, on a trouvé des couches de houille composée toujours des mêmes végétaux. La température moyenne de notre globe devait être de 22° à 25°, comme maintenant celle des tropiques. L’astronomie, d’accord avec la géologie, nous en donne la raison. Dans l’origine, la terre était un globe incandescent circulant autour du soleil. A l’époque houillère, ce noyau avait sans doute conservé une proportion notable de sa chaleur originaire; de là cette température élevée et régnant uniformément d’un pôle à l’autre. L’air était probablement chargé de vapeur d’eau et le ciel couvert de nuages impénétrables aux rayons du soleil. Ces circonstances météorologiques nous expliquent pourquoi la flore de cette époque se composait exclusivement de plantes amies de l’ombre et de l’humidité, telles que les fougères et leurs analogues, tandis que les végétaux florifères, ayant besoin de lumière pour épanouir leurs fleurs et mûrir leurs fruits, ne faisaient point encore partie de la flore du globe terrestre, où elles sont actuellement dominantes.

Les couches qui succèdent aux dépôts houillers sont infiniment plus pauvres en restes organiques végétaux qu’en débris animaux. Ainsi tandis que les géologues ont pu caractériser chacune de ces couches par des centaines d’espèces d’oursins, de mollusques et de zoophytes, l’herbier géologique ne contient dans ses feuillets qu’un nombre d’espèces végétales très restreint. Les formes sont différentes de celles du terrain houiller, quoiqu’elles appartiennent aux mêmes divisions du règne végétal, savoir aux cryptogames vasculaires, aux conifères et aux cycadées. Signalons, avec M. Schimper, au commencement de l’époque triasique, l’apparition de végétaux de la classe des monocotylédones (palmiers, yucca); elle précède même celle des premiers mammifères, aurore de la création animale dont l’homme fait partie.

Sous le point de vue climatologique, la flore des couches comprises entre la houille et la craie nous apprend qu’une température uniforme régnait encore à la surface du globe; mais cette température était moins