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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/1027

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l’absence de bois de chauffage est très gênante, la marmite de M. Mouchot rendrait de précieux services.

Ce n’est là pourtant que le petit côté de la question. L’industrie doit s’emparer de cette idée et la féconder. Des appareils produisant les mêmes effets en grand ne peuvent manquer de lui prêter un concours inappréciable toutes les fois qu’il s’agit d’évaporer d’importantes quantités de liquides. C’est le cas pour les salines, les distilleries, surtout les sucreries coloniales. Un plus grave et plus difficile problème reste à résoudre : réaliser un moteur solaire accomplissant le même travail mécanique que nos machines d’usine. M. Mouchot n’est pas encore parvenu à établir un moteur qui emmagasine et transforme en force vive les richesses calorifiques immenses que nous envoie le soleil. Ce qui ressort pourtant des résultats déjà obtenus, c’est que l’établissement d’un tel appareil est théoriquement possible, et que cette invention ne saurait longtemps tarder lorsque les recherches seront activement poussées dans ce sens. Déjà M. Mouchot donne la description d’une pompe qui marche sous l’influence du soleil. C’est là une découverte d’autant plus intéressante pour l’agriculture que les pays chauds sont en général fort arides, et ne manquent jamais de devenir des jardins adorables dès qu’on parvient à y obtenir d’abondantes irrigations. Or le soleil qui les dessèche pourrait ainsi servir à les arroser. Un autre exemple curieux de cette interversion des phénomènes naturels à notre profit, c’est la fabrication de la glace par la chaleur, réalisée en ces derniers temps dans des appareils ingénieux que feraient très bien fonctionner les rayons solaires. La science fournit à l’homme les moyens de tourner à son avantage les agens physiques qui lui seraient hostiles. Seulement il faut que l’homme sache résolument suivre les conseils qu’elle lui donne, et s’aider lui-même pour qu’elle l’aide efficacement.

L’attention des esprits novateurs est tournée vers la découverte de la machine à vapeur solaire. Un des plus grands ingénieurs de notre temps, Ericsson, à qui la mécanique appliquée, l’industrie et la guerre doivent tant d’heureuses audaces, a passé la dernière année de sa vie à la chercher, et, peu de temps avant sa mort, il annonçait d’Amérique à un ami de Suède qu’il l’avait trouvée. Il est certain que les machines à air chaud, les machines à vapeur où l’eau est remplacée par un liquide volatil, comme l’ammoniaque ou l’éther, semblent devoir se prêter assez aisément aux combinaisons qui leur donneraient le soleil pour foyer de chaleur. Le livre de M. Mouchot, où tous les côtés de la question sont examinés de la manière la plus détaillée et avec une compétence parfaite, est un excellent guide pour les recherches.


ALFRED EBELOT.



Les Phénomènes physiques de la vie, par M. J. Gavarret. Paris, 1869 ; Victor Masson.


Un point de vue tout nouveau, qui paraît devoir bientôt dominer dans les sciences physiques, c’est la considération du travail que représente