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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 84.djvu/775

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LA
PRUSSE ET L'ALLEMAGNE

II.
LE CARACTERE PRUSSIEN, LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE ET LA ROYAUTE DE DROIT DIVIN[1]


I

Le particularisme du midi est le seul obstacle à l’unité allemande, dit-on souvent à Berlin, et on y reproche aigrement au Bavarois de n’aimer que sa Bavière, au Wurtembergeois de préférer sa Souabe à la grande patrie. Allez à Stuttgart, vous y entendrez dire : « Il n’y a qu’un obstacle à l’unité, c’est le particularisme prussien. Quand les Prussiens seront des Allemands, l’Allemagne sera faite. » C’est ainsi que du nord au midi on se renvoie la balle.

Lors de la première session du parlement douanier, il se trouva que nombre des députés du sud voyaient Berlin pour la première fois. C’était pour eux une terre étrangère, et ils s’y sentaient fort dépaysés ; plus d’un pouvait dire comme le doge de Gênes à Versailles : Rien ne m’étonne plus que de m’y voir. On se fit un plaisir de leur tout montrer, et beaucoup de choses leur parurent admirables. Le moyen de parcourir les Linden dans leur longueur, du pont du château à la porte de Brandebourg, sans ressentir quelque admiration, sans être obligé de convenir que Berlin est une vraie capitale, où l’on sent battre le cœur d’un grand et puissant royaume ? Que si

  1. Voyez la Revue du 15 novembre.