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besoin de se soumettre à la peine pour trouver des alimens en abondance ?

Les animaux fouisseurs destinés à une vie souterraine sont bien connus sous le rapport de leurs caractères et de leurs instincts, répétés en quelque sorte chez les types les plus différens. Chacun remarque leur corps passablement long et à peu près cylindrique, leurs membres antérieurs courts, larges et d’une extrême puissance. Voyez la taupe, son corps n’offre aucune partie saillante capable de faire obstacle à une circulation facile dans des galeries étroites ; ses pieds de devant ressemblent à de fortes mains dont la paume calleuse est tournée en dehors avec des ongles larges et tranchans. Saurait-on concevoir pour écarter et briser la terre des instrumens d’une plus grande perfection ? Le museau de l’animal, rendu résistant par la présence d’un os particulier, est un boutoir agissant comme une tarière. À ces particularités, qui expliquent si bien le genre de vie de la taupe, s’ajoutent des sens dont le degré de développement est en harmonie avec les conditions d’existence de ce mammifère. Des organes de vision sont inutiles à un être condamné à vivre dans les ténèbres ; ils sont rudimentaires. Pour se reconnaître dans de sombres réduits, un tact très fin est indispensable ; il est fourni par le museau presque nu, portant des poils raides, disséminés. Dans un espace resserré, pour être averti d’un danger ou de la présence d’insectes dont il s’agit de s’emparer, il est essentiel d’être sensible aux moindres bruits ; les organes d’audition répondent à cette exigence. En l’absence de la vue, pour être guidé dans la recherche de sa nourriture, un odorat très subtil est de première nécessité ; l’organe olfactif est très développé. Une organisation et des instincts si bien appropriés à la vie souterraine rendent à la taupe l’existence impossible dans toute autre condition.

On trouve chez un insecte des particularités de conformation, des habitudes, des instincts si analogues à ceux de la taupe, que cet insecte, d’après le sentiment populaire, a été appelé le taupe-grillon. Il a un corps presque cylindrique, des pattes antérieures refoulées vers la tête, avec les jambes prodigieusement larges et garnies de fortes dentelures de façon à prendre une sorte de ressemblance avec les pieds de la taupe. Les jambes du taupe-grillon et les pieds de la taupe sont des organes de nature absolument différente ayant reçu une appropriation à peu près identique.

Il y a des animaux qui, parmi ceux de la même classe ou de la même famille, n’offrent rien de plus extraordinaire qu’une particularité en apparence insignifiante. La raison de cette particularité minime est-elle trouvée, l’intérêt jaillit. Des oiseaux de la famille de notre coucou, répandus dans les régions chaudes de l’Afrique,