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cette époque, cette collection s’est enrichie un peu confusément de règne en règne; mais, grâce à l’homme éminent qui la dirige aujourd’hui et qui l’a remaniée en entier, elle est devenue une des gloires scientifiques de Copenhague[1]. Le musée proprement dit se compose de dix chambres. Chacune d’elles renferme le portrait d’un seul roi, ceux de ses contemporains les plus remarquables, ses bijoux, ses armes, ses vêtemens journaliers ou de parade, placés en évidence ou conservés dans des meubles entourés d’ustensiles qui ont tous appartenu à ce prince ou tout au moins qui datent de son temps. De cette disposition il résulte qu’en passant de chambre en chambre on fait pour ainsi dire une promenade à travers près de trois siècles[2], et qu’on saisit d’un coup d’œil ce qu’étaient les hautes classes de la société danoise à chacune des dix étapes formées par autant de règnes. En appliquant à ce musée spécial la méthode d’arrangement par trouvaille, M. Worsaae a fait de ce qui aurait pu n’être qu’un cabinet de curiosités un magnifique complément du musée des antiquités et de celui d’ethnologie.

J’ai peu de chose à dire des collections zoologiques, anatomiques et physiologiques. Lors de notre séjour à Copenhague, on avait commencé depuis peu seulement l’installation des premières dans les nouveaux bâtimens qui leur sont destinés. Les deux autres, très complètes au point de vue de l’enseignement, grandiront sans doute encore; mais je ne saurais passer sous silence le laboratoire de physiologie, construit naguère sous la direction du savant professeur actuel, M. Panum. Le local consiste en un grand corps de logis à trois étages; des cabanons spacieux, situés au rez-de-chaussée, sont réservés aux animaux mis en expérience. Les pièces spéciales renferment les grands appareils d’expérimentation; l’une d’elles est réservée aux études micrographiques; une autre à un laboratoire de chimie physiologique. Des piles, placées à demeure, envoient leurs fils conducteurs en tout sens, et distribuent l’électricité partout où elle peut être requise. Le professeur, ses aides, les élèves, ont leurs laboratoires distincts. Enfin l’amphithéâtre est placé au centre de cet ensemble, où tout est disposé de manière à faciliter l’étude et l’enseignement. Je dois le dire, je n’ai pas visité cet établissement modèle sans un certain sentiment de tristesse que je n’ai d’ailleurs eu que trop d’occasions d’éprouver. Je venais de voir en Belgique des villes faire de leurs universités de véritables monumens. Je voyais le petit Danemark donner à la sienne une salle où pouvaient

  1. M. Worsaae a eu pour aides dans ce travail MM. Lossöe et Andersen, conservateurs-adjoints.
  2. De Christian IV (1588-1648) à Frédéric VII (1848-1863).