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lui-même fut rétabli dans son titre et son rang d’évêque, restant d’ailleurs évêque accusé, jusqu’à ce qu’un concile véritable eût prononcé sur son sort.

La sentence fut accueillie par les cris répétés de « cela est bien, cela est juste ! » Jean appuya sur l’excommunication de Cyrille. « Il fallait, disait-il, frapper non pas seulement son hérésie, mais ses ruses, ses corruptions, ses mensonges, qui avaient amené les membres de son assemblée à recevoir sans opposition le blasphème de ses anathématismes. » Quand les évêques eurent signé, on fit partir pour Antioche le procès-verbal de la séance et le décret des pères, afin d’y recueillir des signatures qui, jointes aux premières, représentèrent plus de deux cents adhérens. Séance tenante, l’infatigable patriarche fit signifier l’arrêt de son concile à l’assemblée réunie dans l’église de Marie, et, quant à Memnon, il écrivit aux magistrats d’Éphèse que leur indigne évêque était déposé canoniquement, et qu’ils eussent à convoquer les électeurs pour son remplacement immédiat. Tout cela se fit sans désemparer : cette seconde assemblée ne montrait pas une activité moins fébrile que la première.

Celle-ci, dans le même moment, présentait le spectacle d’une animation que rien ne pourrait rendre. Elle venait d’entendre le rapport de sa députation envoyée au-devant des Orientaux, — et ce récit l’avait mise hors d’elle-même. Reçus, quoique évêques, de la façon la plus inconvenante par des évêques, les députés avaient assurément le droit de s’en plaindre ; ils avaient le droit de se plaindre aussi des brutalités de la valetaille syrienne ; mais, si lamentables que fussent ces faits, ils se plurent encore à en noircir le tableau, emportés qu’ils étaient par la colère. Ils accusèrent nommément le comte Irénée de les avoir fait frapper par ses soldats. « Nous avons couru le risque de la vie, » dirent-ils, et ils montraient des traces de coups imprimés sur leurs membres. Cette déposition faite dans l’église, « en présence des saints Évangiles, » ajoutent les actes, fut recueillie par les notaires et transcrite au procès-verbal. A chacune de leurs paroles, les députés étaient interrompus par des cris d’indignation partis de toutes les bouches. On demandait justice de ces actes infâmes, et avant tout l’excommunication des Orientaux en masse. Là, comme dans le synode de Jean, aucune voix ne s’éleva pour tempérer la violence des résolutions soudaines. Une sentence d’excommunication fut libellée séance tenante, et Memnon, homme fougueux entre tous, eut mission de rédiger un rapport destiné à l’empereur, et qu’il remplit des plus injurieuses personnalités contre ses officiers. Cyrille sans perdre de temps fit signifier au logis de Jean d’Antioche la sentence qui le frappait, lui et les siens, de soute que ce décret put se croiser en route avec celui qui