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L'ELOQUENCE
POLITIQUE ET JUDICIAIRE
A ATHENES

ISOCRATE.[1]

I. Histoire de la littérature grecque jusqu’à Alexandre le Grand, par Ottfried Muller, traduite, annotée et précédée d’une étude sur Ottfried Muller, par M. K. Hillebrand, 2 vol. in-8o, Paris. — II. Demosthenes und seine Zeit, von Arnold Schœfor, 4 vol. in-8o, Leipzig. — III. Des Caractères de l’atticisme dans l’éloquence de Lysias, par M. Jules Girard ; in-8o, Paris. — IV. Le Discours d’Isocrate sur l’Antidosis, traduit en français pour la première fois par M. A. Cartelier, avec une introduction par M. Ernest Havet, grand in-8o, Paris.


I

Isocrate naquit à Athènes en 436. Il était fils d’un citoyen nommé Théodoros, qui avait une fabrique d’instrumens de musique. De même que Démosthène, il appartient à ce que l’on peut appeler la bonne bourgeoisie athénienne. Comme Démosthène le père, Théodoros avait, par son industrie, gagné assez de fortune pour faire donner à son fils l’éducation la plus recherchée que l’on pût recevoir à Athènes vers la fin du Ve siècle. Tout jeune, Isocrate commença par étudier la musique et la poésie sous les meilleurs maîtres ; au sortir de l’adolescence, en même temps que les enfans des plus grandes maisons, il fréquenta les sophistes, et se trouva mêlé dans leur auditoire aux Andocide, aux Alcibiade, aux Critias, aux Théramène, aux Callias, aux Calliclès. Il entendit, nous dit son biographe, Prodicos, Gorgias et Tisias : nous soupçonnons là quelque inexactitude. Tisias en effet est antérieur à Gorgias, et pour Gorgias même ce ne serait que vers la fin de sa vie et dans un de ses

  1. Voyez la Revue du 15 août.