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LA
GUERRE EN LORRAINE

LES SIEGES DE TOUL ET DE VERDUN.

La guerre de sièges qu’une partie de la population française a soutenue contre l’artillerie prussienne avec des moyens de défense insuffisans, uniquement pour l’honneur du drapeau, sans aucun espoir de succès, mérite d’être racontée en détail, d’après des documens authentiques. C’est dans ces circonstances difficiles que s’est le mieux montrée chez les habitans la résolution de se défendre, la volonté de résister jusqu’à la dernière limite des ressources, de partager les souffrances et les sacrifices de l’armée. Il y a eu là des actes de dévoûment individuel et d’énergie collective qui honorent trop notre pays pour qu’on les oublie ou qu’on les passe sous silence. Nous n’en tirerons pas vanité, nous nous rappellerons que sur d’autres points ni le sentiment du devoir, ni le patriotisme n’ont été assez forts pour empêcher de nombreuses défaillances ; mais nous aurons rendu à de bons citoyens une justice méritée et trouvé dans le souvenir de ce qu’ils ont volontairement souffert pour la patrie la seule consolation qui convienne à des vaincus. La lutte de 1870 ne nous a pas seulement révélé tout ce que cachait de corruption et de faiblesse notre apparente prospérité, nos désastres ne nous parlent pas seulement de nos fautes ; quelques vertus sont nées de nos malheurs mêmes, ont fleuri au milieu de nos ruines, et nous défendent de désespérer de l’avenir.

La Lorraine, par sa position géographique, par le grand nombre de places fortes qu’elle renferme, était destinée plus qu’aucune province à supporter une lutte que la supériorité de l’artillerie prussienne et le caractère impitoyable de la guerre rendaient d’avance aussi périlleuse qu’inutile. On ne lui reprochera pas d’avoir manqué