la pression des événemens et de l’opinion publique, les vieux catholiques ont cru devoir provoquer à Munich une réunion générale de leurs adhérens. Ce congrès, ouvert le 22 septembre 1871, a pris promptement le caractère d’un concile des catholiques libéraux d’Europe. L’église russe, celle d’Utrecht, la Baisse, l’Angleterre, la Hongrie, les villes catholiques allemandes, s’y sont fait représenter par cinq ou six cents délégués.
La première décision du congrès a eu pour objet de déclarer solennellement que les vieux catholiques entendaient non pas sortir de l’église et fonder une secte nouvelle, mais bien au contraire continuer l’ancienne communauté religieuse établie sur la confession de Trente. Comme preuve de leur orthodoxie, ils se sont empressés de reconnaître hautement tous les dogmes du catholicisme romain, à l’exception de l’infaillibilité du pape. La presse ultramontaine n’a point tardé à objecter que pareille profession de foi n’était au fond qu’une formule négative. Prétendre conserver l’ancienne constitution du concile de Trente alors que Rome, qui représente en définitive l’église tout entière, s’en éloigne, c’est fonder une nouvelle église, une secte. L’argument des vieux catholiques n’est donc en somme qu’une subtilité ; la vérité leur faisait un devoir d’arborer franchement le drapeau du protestantisme. L’esprit de la réforme ne respire-t-il pas dans ce programme qui exprime l’espoir « d’une réconciliation avec les chrétiens des églises d’Utrecht, de Russie et d’Orient, d’une entente progressive avec les églises protestantes sur le terrain de la science et de la civilisation[1] ? » N’est-ce pas un manifeste huguenot, si ce n’est même voltairien, celui qui signale « comme un danger public l’instruction que reçoit le clergé dans les séminaires dirigés par les jésuites, » ou qui insinue au peuple que « la concorde ne sera possible dans la société politique et religieuse que le jour où l’on aura mis un terme à la pernicieuse influence de cet ordre ? »
La presse orthodoxe a cherché en outre à discréditer l’opposition des vieux catholiques en lui attribuant le caractère d’une intrigue politique. On a représenté le chanoine de Dœllinger comme un aide-de-camp de M. de Bismarck, et les chefs du congrès de Munich comme des tribuns dévoués au nouvel empire ; il serait aussi injuste qu’inexact de souscrire en ces derniers points au jugement des ul-
- ↑ L’Eglise d’Utrecht est séparée de Rome depuis 1723 ; en opérant leur réunion avec cette église, les vieux catholiques auraient la possibilité de faire ordonner leurs prêtres par les évêques hollandais. Quant à la réunion avec l’église russe que mentionne le programme de Munich, ce vœu peut paraître chimérique, si l’on songe que cette communion est essentiellement une église d’état, administrée par le tsar comme propriété nationale.