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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 96.djvu/548

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la conduite de Victor-Emmanuel. L’esprit de révolte qui anime en ce moment l’Allemagne contre la domination de Rome a engendré parmi les Autrichiens un parti schismatique qui a inscrit sur son drapeau : sortie en masse de l’église catholique, et formulé un programme de réformes radicales : « abolition du célibat des prêtres, de la confession auriculaire, des chapitres de chanoines, du culte des images et des reliques, lecture de la messe en langue allemande, et enfin restitution à la commune laïque du droit de nommer son curé. »

L’intervention de l’élément laïque dans la direction intérieure des églises paraît imminente en Hongrie. La vieille passion des Hongrois pour leur indépendance nationale, sous sa forme religieuse comme sous sa forme politique, laisse entrevoir qu’un nouveau deuil se prépare pour Rome dans ce pays. Le peuple et le bas clergé y réclament énergiquement l’autonomie de l’église hongroise ; de nombreuses associations se sont formées à cet effet parmi les curés de campagne contre leurs évêques soumis au pape. Quant aux populations allemandes de l’Autriche, elles se sentent appuyées par la Prusse dans leur opposition contre le clergé ultramontain. Si quelque événement politique venait, dans un avenir peu éloigné, à étendre les états des Habsbourg du côté de l’Orient, les sujets allemands de l’empire austro-hongrois ressentiraient d’une manière plus efficace l’appui moral que leur prête actuellement la Prusse. Cet appui moral pourrait alors se transformer en une protection officielle que M. de Bismarck paraît avoir offerte lors des dernières entrevues de Salzbourg aux Allemands autrichiens. Ces conventions verbales, qui les rattacheraient d’une façon indirecte à l’empire germanique, constitueraient une sauvegarde de leur nationalité, menacée, il faut le reconnaître, par l’éventualité d’un accroissement numérique des sujets slaves de l’empereur François-Joseph.

Si de l’Autriche l’attention se reporte sur le Wurtemberg, on y remarque une petite communauté catholique, pénétrée d’un esprit d’indépendance qui la rapproche tous les jours du protestantisme. En 1857, elle avait été abandonnée au saint-siège par le roi; ce prince, quoique protestant, avait conclu avec Rome une convention secrète par laquelle il abdiquait la plupart de ses droits de souveraineté sur le clergé. Depuis lors, les catholiques wurternbergeois réclament la séparation de l’église et de l’état.

La question ultramontaine est également l’objet de grandes difficultés dans les territoires de Bade, Hesse-Darmstadt, Hesse-Électorale et Francfort. En 1853, les cinq évêques de la province supérieure du Rhin ont déclaré solennellement qu’ils ne pouvaient plus